Le monde des sirènes est assez fermé lors de leurs premières années, quand la petite est née, tout était tracé pour elle, son nom, son visage, sa voix, mais rien ne s'est passé comme il faudrait. Déjà très tôt, Aura a été toujours le bouche-trou de toute sa famille, la cause de leur malheur et de leur problème, elle n'existait que pour cette raison unique. Elle était la fille qui devait représentait la pureté et la douceur de sa famille, alors ils ont jeté toutes leurs haines et violences contre elle pour la vider de toute envie de violence dans le futur. Elle se devait d'être parfaite, mais cette vision de la perfection se résuma à détruire qui elle était petit à petit, afin qu'elle soit réduite à néant, un mannequin sans âme. Elle était jolie parce qu'on lui demandait, et ne disait pas un mot, car cela lui était interdit. Rapidement, la petite sirène se confondit à Ariel, rêvant d'un monde différent de celui-ci, le monde des humains. Malheureusement, elle le savait très bien, ce monde lui était interdit avant l'adolescence, alors elle n'avait qu'à attendre patiemment, être jolie et se taire, n'être qu'une image sans son. Mais même en étant seulement une statue, elle n'était pas assez bien pour sa famille. Cet œuf qui avait éclot avait fait naître le vilain petit canard, celui qui resterait vilain jusqu'à la fin de ses jours, dans l'incapacité de grandir en cygne. Quand le grand jour de ses quinze ans arriva, Aura du cacher sa joie intérieure, semblant toujours aussi vide qu'elle devait être quand son père lui choisit son image et lui offrit ses jambes. Il ne lui fallut pas longtemps pour savoir quoi faire grâce à elles et fuir de chez elle le plus rapidement possible pour ne plus jamais revenir, la liberté était enfin sienne, elle pouvait enfin faire ce qu'elle souhaitait dans la vie... Et... Là était le problème. Que voulait-elle faire ? Quel but avait-elle dans la vie ? Elle n'avait plus rien. Plus de rêves, plus de futur tracé. Elle était encore et toujours vide.

À la recherche d'une utilité dans sa vie, Aura arbora les rues sans but fixé, regardant autour d'elle. Ce monde lui semblait à la fois fermé et ouvert, comme s'il pouvait être tout à la fois, mais ce sens de liberté prit le dessus. Il y eut d'abord cette liberté de ses actes, de ses sentiments, puis cette rue brillante. Cette rue pleine de merveille et de richesse qu'elle n'avait jamais pu approcher, cette richesse qui l'éblouissait lui semblait promise, comme si c'était ce qui lui revenait depuis tant de temps, qu'elle avait cherché depuis tant d'années. Mais tout ça était toujours hors de sa portée, même si proche du but, tout lui était impossible d'accès, parce qu'elle avait rejoint le monde des humains sans la moindre possession.À la recherche d'une utilité dans sa vie, Aura arbora les rues sans but fixé, regardant autour d'elle. Cet endroit n'était pas le palace dont elle rêvait, mais elle s'y sentait en sécurité, le temps de se créer une identité dans ce monde. Au final, elle vit plusieurs fois une main tendue vers elle, une main qu'elle avait auparavant refusé, revenir encore et encore lui proposant une vie bien plus saine pour sa pure compagnie. Bien qu'elle ait eu ses craintes, après un essai, elle ne put refuser de continuer. La vie en leur présence était tout ce qu'elle avait pu rêver, la richesse en abondance et la beauté à chaque coin de rue. Elle n'était qu'un objet à nouveau, mais un objet couvert de bijoux et de richesse, un objet qui brillait aux yeux du monde entier comme elle aurait voulu aux yeux de son peuple. Elle n'était pas maltraitée en leur compagnie, elle était aimée et respectée même. Elle était une femme. Certes, parfois, les pressions étaient plus fortes chez certains hommes pour des faveurs, mais en leur rappelant qui elle était, tout ça partait si facilement. Et ce boulot lui permis de commencer les études, de même presque les finir, d'avoir un dossier correct et de quoi vivre seule grâce à l'argent et les cadeaux qu'elle recevait. Ce n'était pas la meilleure des vies, mais c'était ce qu'elle aimait à ce moment-ci.

Aujourd'hui, la jeune femme se faisant passer pour l'humaine la plus simple possible vit des relations qu'elle a avec ses hommes, elle vit même chez eux pendant certains jours, afin de ne pas la faire retourner dans cet endroit miteux. Elle a fait de celle que ces hommes veulent sa personnalité courante, elle se comporte comme la fille de riche chaque jour de sa vie, une mimique d'une femme habituée à ce métier. Malgré tout, elle se trouve bien trop souvent obligée de répéter qu'elle n'est là que pour une seule raison : l'argent et pour rien d'autre. La jeune femme n'est jamais tombée amoureuse de sa vie et n'arrive pas à trouver un but à s'intéresser aux hommes qui lui demandent sa compagnie, elle ne s'intéresse même pas au fait de tomber amoureuse ou pas. Elle vit sa vie comme elle le sent, cherchant tout d'abord à pouvoir vivre seule sans l'aide de quelqu'un ou d'être hébergé, mais elle ne contrôle pas ses dépenses, la poussant à s'occuper de son apparence avant de ses besoins premiers. Il n'est pas rare qu'elle ne dorme pas la nuit pour préférer errer dans les parcs et les rues de Séoul, à la recherche d'un peu de paix, de silence, sans s'inquiéter des dangers pouvant tourner autour d'elle. Après tout, Aura n'a pas peur de mourir, elle aura essayé de vivre sa vie, et c'est tout ce qui compte pour elle.