Le fardeau le plus horrible pour un homme est l'indifférence. L'indifférence totale que peut avoir un être humain pour un congénère assis par terre à demander rien qu'un peu d'attention. Il est extrêmement difficile d'avoir rien qu'un simple regard à croire que vivre dans la rue se transmets telle une maladie uniquement par un seul regard. Cependant, il est peut-être plus simple de passer inaperçu que de voir des regards remplis de désolation.

Ma vie n'a pas toujours été ainsi. Il y a encore moins d'un an je vivais dans une charmante petite famille. J'ai reçu une éducation religieuse très strict et mes parents n'ont censés de me répéter que je devais être un bon croyant et que notre Dieu me pardonnerait tout. Il était donc facile pour moi de me dédouaner de toutes responsabilités. Si aujourd'hui on ne semble pas s'occuper de moi et à peine me regarder … A l'époque j'étais un jeune homme très populaire, j'avais une panoplie incroyable d'amis sur les réseaux sociaux et je n'aurais jamais imaginé être un jour aussi en déclin par rapport à la société. Tout me semblait possible, tout semblait être parfait et que malgré tout ce que je pouvais faire, je n'avais qu'à demander pardon comme me l'avait dit mes parents. Est-ce au final une punition pour avoir était un harceleur avec mon groupe d'amis ? Est-ce une punition pour avoir menti à outrance ? Est-ce une punition pour avoir fait souffrir des personnes ? Hum. Difficile à dire. Cela peut-être vu comme un nouveau départ. Une quête pour devenir meilleur...

Malgré tout, toutes mes erreurs n'ont pas causé ma perte. Ce qui a fait changer littéralement ma vie était l'annonce à mes parents à mes 19 ans. J'avais pris mon courage à deux mains pour leur annoncer la tête haute que j'étais gay. Difficile pour eux d'accepter que leur fils aîné puisse aimer les hommes. Cela n'était pas « normal », cela n'était pas « naturel », j'étais forcément « malade » et j'avais besoin d'aide. Une aide qui ne manqua pas d'arriver sous forme d'un stage dans un merveilleux et fabuleux stage pour aider les jeunes gens à revenir sur le droit chemin. Leurs techniques de persuasion étaient rudimentaires et très anciennes. Je ne préfère pas revenir sur cette période assez sombre de ma vie, tout ce qu'il faut se dire c'est que leur persuasion ont réussi à me faire dire ce qu'ils voulaient tous entendre. Je n'allais plus jamais me comporter comme un monstre et j'étais de nouveau sur le droit chemin. Le retour à la maison fut perçu comme une bénédiction pour ma mère qui remercia Dieu pour avoir guéri son premier fils. Ce sujet devint alors tabou, plus rien ne devait montrer ma différence, du moins, mon ancienne décadence.

La seule personne capable de m'écouter et discuter avec moi était mon petit frère. Qui certes ne comprenait pas vraiment à son âge, à l'age de 6 ans, il n'avait pas toutes les pièces en main pour comprendre. Cependant, il n'arrêtait pas de montrer son amour débordant pour moi. Même si j'avais avalais mon homosexualité, du moins, j'essayais de la refouler, je ne pouvais refouler ma haine envers les autres. Si j'avais toujours été infecte avec des personnes de mon école, j'ai fini par m'attaquer à un autre jeune homme gay. Il fallait qu'il souffre, comme moi, j'avais pu souffert. Je le haïssais d'être aussi libre d'être lui-même. Cependant je m'étais engagé de réduire sa vie de bonheur en fardeau. Oui, je l'ai presque totalement anéanti et poussé au bord du précipice... J'ai arrêté le jour où j'ai appris qu'il avait tenté de mettre fin à sa vie. J'étais le pire des enfoirés … J'avais reporté ma haine sur lui alors qu'il n'avait rien demandé à personne. Il avait juste eu de « la chance » avant de croiser mon chemin.

Cependant, cela n'est pas pour cela que je me suis retrouvé à la rue. Le plus surprenant dans cette histoire c'est que l'autre type a réussi à me pardonner. D'après lui, j'étais le plus à plaindre dans cette histoire. A l'âge de mes vingt ans, j'ai continué à aller à la messe de manière régulière pour essayer de trouver la paix intérieure. L'ennui, c'est qu'il y avait un autre jeune homme … La réalité, c'est que j'y allais pour lui. Il était tellement beau et attirant.
Je ne serais pas capable de dire si cela était sérieux pour lui, mais il était le premier homme que j'ai réellement aimé dans ma vie. On se cachait pour se voir en secret et on ricanait souvent comme des idiots ensemble. Ce fut alors qu'on passait une soirée ensemble dans ma chambre, pensant être seuls chez mes parents que nous profitions de nos corps. L'ennui, ce que mes parents rentrèrent plus tôt. Le choc fut extrême par mes parents. Eux qui pensaient leur fils guéri... Découvrit avec horreur que leur fils aîné était toujours malade et déviant. J'avais beau supplier et promettre de ne plus jamais recommencer, néanmoins, mes parents ne purent me pardonner. Pleurant à chaudes larmes à la porte de mes parents en demandant grâce auprès de ma mère. Elle détourna son regard rempli de dégout et disparu rapidement. Seul restait le regard horrifié et rempli de haine de mon père qui m'indiquait du doigt le chemin de la rue.

Est-ce possible d'imaginer des parents mettre leur fils, leur propre sang à la porte juste parce qu'ils n'acceptent pas ses penchants sexuels ? Malgré toutes les pires horreurs que j'ai pu faire... Mon orientation sexuelle m'avait mise à la porte. J'avais pu me faire héberger au début par des « amis ». Mais il fallait être réaliste cela ne serait pas une solution à long terme.
Savez-vous combien l'hiver peut être horrible et difficile ? Le plus comique dans cette histoire c'est que les associations religieuses ont été ceux qui m'ont permis de survivre et passer l'hiver plus ou moins au chaud.
J'ai dû apprendre à bouger et voyager régulièrement, dormir dans la rue était interdit... Je devais juste apprendre à trouver divers lieux pour dormir. Depuis quelques mois j'ai fini par me poser dans un coin de hongdae reculé du passage constant. Aussi étrange soit-il, j'ai l'impression d'avoir trouvé ma famille dans la rue. Deux ajumas viennent me donner à manger et cette adorable Seo Min qui m'a offert cette belle écharpe rouge, sans parler de ses parents qui m'offrent parfois de quoi manger. Je n'aurais jamais cru possible, mais ces inconnus font tellement pour moi que je ne saurais comment les remercier. Ils sont un peu une sorte de famille pour moi, ils font leur maximum pour m'aider et je veille sur leurs maisons pendant leur absence. Étrange vu que je suis le premier à profiter des maisons vides pour les occuper, mais jamais dans mon quartier. Je veille du mieux que je peux sur eux.