-« Ah, elle a pas tenu. Prévisible. Un renard pourtant n'est pas si gros que ça. »

Une après l'autre, aucune n'avait réussi à mettre au monde un enfant, mourant avec l'enfant dans le ventre. Ce petit renard qui venait de sortir était le seul survivant, l'unique. Et pour cette raison, il était spécial pour ce jeune papa, cela pour quelques secondes. Quand il se rendit compte que son enfant était une fille, le stress prit le dessus, et plus aucune joie où passion pouvait être visible. Quel gâchis, tout ce travail pour une fille. L'homme voyait déjà ses prochains jours à la protéger, alors qu'il aurait voulu l'envoyer trouver quelqu'un, être fort. Un garçon aurait été tellement mieux à sa place. Plus puissant, avec un certain honneur, une voix dans la meute. Mais non, il revenait comme à son habitude, pitoyable. Sa petite fille, qu'il avait nommé par le nom de sa défunte mère, suivait tout simplement son père à cette âge. Les femmes de la meute ne voulant même pas de cet enfant impur, de cette petite qui ne servira sûrement à rien. Alors encore une fois, tout le boulot revenait sur le dos de son père. Et ce boulot, il le fait à la perfection. Tant qu'en grandissant, la petite Soo Mi qu'il pensait aller devenir toute mignonne et simple à contrôler devint tout le contraire.

Que ce soit à l'école primaire ou au collège, la jeune métamorphe avait déjà rapidement appris à contrôler qui elle était, et elle savait qu'elle n'était qu'un vaisseau pour des futurs métamorphes, un futur objet sexuel à fin seulement reproductive. Les choses comme ça, on les voit enfin à l'école, la reproduction des animaux, le résultat, et même la place des mères dans le règne animal, rien de tout ça était ce qu'elle voulait. Soo Mi voulait être forte, elle voulait régner sur quelque chose, contrôler sa vie.

Les fugues ont commencé à cet âge, le plus tôt possible. Soo Mi avait besoin de ce sentiment de liberté, de ce rush d'adrénaline à chaque fois qu'elle fuyait le regard de son père. Et il n'y avait rien de plus agréable pour elle de prendre sa véritable forme et de courir dans les bois, de rencontrer des possibles prédateurs et de fuir pour sa vie également. L'adrénaline était devenue sa drogue, gratuite et simple d'accès. Mais il manquait quelque chose, ce ne devenait plus assez. Puis son âge devenait un problème, bientôt, les hommes allaient lui tourner autour et essayer de la faire leur, elle n'aurait plus cette liberté, cette adrénaline. Alors elle devait se faire entendre un minimum. Même si la jeune se bâtait contre sa propre nature d'un certain sens, elle avait des buts en tête une vie non pas idéale mais la vie qu'elle souhaitait avoir.


Trop jeune par-ci, trop jeune par-là, une excuse idiote pour l'empêcher de faire ce qu'elle voulait vraiment, vivre d'elle-même, faire tout ce qu'elle veut de sa vie, profiter du monde dans lequel elle vit. Peut-être avait-elle des ennemis sur son chemin, mais elle n'avait pas peur de mourir sous leur main, encore moins de se défendre jusqu'à les déchiqueter eux et leurs corps frêles, morceaux par morceaux. La rapidité était son arme, son image également, une fille qui semblait tout de plus normale, peut-être même faible, et au final une oeuvre après l'autre, elle les ramenait chez elle. Pierres précieuses, ou juste de l'argent, affaire de qualité, tout se retrouvait jour après jour chez elle, des faits volées dont elle était fière, elle avait tout ça dans une petite salle mitoyenne à sa chambre, et elle n'y touchait plus une fois chez elle. Soo Mi s'était habituée à vivre parmi la foule, être simple, commune aux lois des mortels, mais elle avait toujours appréciait l'odeur de l'argent, tout ce qui brillait. Se serait mentir de dire qu'elle ne s'est jamais fait prendre en flagrant délit, et donc qu'elle n'a jamais été arrêté par la police, mais ce n'était pas des menottes qui l'ont empêché de faire ce qu'elle voulait. Puis elle était mineure. Ce n'était pas de sa faute, tout était la fois de son père, celui qui regrettait de l'avoir eu.

Et alors que celui-ci tentait de lui trouver quelqu'un sûrement pour la protéger, Soo Mi en était au point où elle ne voulait plus être celle qu'elle est. Prenant même des contacts avec des sorcières afin de savoir s'il était possible qu'elle ne soit plus un objet de désir pour la meute, ou qu'elle ne fasse plus partie de cette meute tout court. Mais rien, où alors aucune d'entre elles ne voulaient lui répondre, elle était coincée dans ce corps, coincée dans ce rôle de génitrice et rien d'autre. Quand vous êtes nées inutiles, il n'y a plus grand chose dont vous avez peur. Après tout, personne ne pleurera à votre mort, même pas votre famille. Ces amis, se sont tous des menteurs. Ils ne vous connaissent pas, ils s'en fichent tous de vous. Vous n'êtes qu'un outil pour eux, comme vous l'êtes aux yeux du monde entier. Peu importe qu'elle essaie d'être le plus irrespectueuse de la loi entière, allant dans des boîtes de nuit alors qu'elle n'en a pas l'âge, buvant, se droguant, la seule chose qu'elle ne donnait pas d'elle était son corps, mais même ça, bien qu'agréable parfois, n'était pas assez pour être quelqu'un aux yeux du monde. Encore moins pour certains.

La révolution arrivera un jour peut-être, dans un futur utopique, où les femmes comme elles ne seront pas inférieures sur tous les niveaux. En attendant ce moment magique, Soo Mi, tu dois rester en vie. Guider les autres sera ton futur, vers un combat qui ne sera peut-être pas celui que tu souhaites, mais un combat qui te sera malgré tout important. Plus tard, ils se mordront les doigts ceux qui t'ont rit au nez, ils le regretteront quand ils te feront arriver couverte du sang de leurs familles tel Carrie. Et là, tu riras, en leur apportant la tête de leur bien-aimée, une par une. Une dictature ? Non. Avoir le monde à tes pieds n'est pas ton but. Les faire souffrir l'est. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, la seule cible que tu as reste ton père. Celui qui a tué tant de femme pour avoir juste un enfant dont il était incapable de s'occuper correctement. Tout ceux osant se mettre sur ton chemin, essayer de prendre un échantillon de ton sang ou de te contrôler feront partis de cette liste.  

-« Quoi ? Je devrais être mignonne et me taire ? Ce serait m'empêcher de vivre comme je le sens. Et personne ne me dit comment je souhaite vivre ma vie. »