Certains évènements resteront pour toujours dans votre mémoire, marquant ainsi un tournant essentiel dans votre existence… Ils vous changent… pas forcément dans le bon sens…

Je me rendais aux urgences pour prendre mon service, après une soirée agitée puisque je venais de rompre avec ma petite amie. Cela faisait 4 ans que nous étions ensemble mais ses attentes ne correspondaient pas aux miennes. Mademoiselle acceptait pas que le mariage me fasse pas envie tout comme la vie de famille. Je ne pense pas être capable de rendre heureux une personne. Ses caprices ont eu raison de ma patience. Alors hier soir, je me suis tapé le mélodrame parce que madame pleurait ou me suppliait de ne pas faire une telle chose avant de terminer son cinéma par des menaces, voire une malédiction. Je me souviens plus de sa véritable nature… peut-être que j’aurai des ennuis finalement.

Mes mains enfoncées dans mes poches, je me dirige vers le central pour discuter un peu avec les infirmières avant de faire les visites de mes patients. Je reste un moment en compagnie de cette demoiselle de 16 ans, venue aux urgences suite à un accident. Je me suis pris d’affection pour cette enfant. Les circonstances de son hospitalisation sont malheureuses mais elle garde le sourire. Je suis en sa compagnie quand un garde passe en courant dans les couloirs, ordonnant aux médecins de déplacer les patients ou de nous enfermer avec eux. Abandonnant ma jeune protégée parce qu’elle pouvait être déplacée seule, je me suis rendu auprès des plus fragiles afin d’assurer leur évacuation rapide. Cela nous a pris peu de temps avant d’entendre les premiers coups de feu. Effrayés, nous avons quand même poursuivi nos déplacements pour protéger nos patients. Une petite voix murmurait à mon oreille… je la repoussais plusieurs fois. Je n’avais pas le temps de prendre le thé avec les morts.

Comptant les évacuations, je remarquais presque immédiatement l’absence de ma protégée. Je redescendis alors que mes collègues essayaient de me retenir par la force. Le silence régnait dans les urgences, quelque chose d’angoissant. Je sentis mon cœur se serré en imaginant le pire. Les policiers se trouvaient aussi dans les locaux, recherchant le tireur fou. Je me glissais dans les couloirs avant d’atteindre sa chambre. La porte de celle-ci était ouverte. Mon rythme cardiaque stoppe son activité alors que mon souffle se coupe dans mes poumons. Je me dirige vers elle comme un automate mais je savais déjà… Mes yeux aperçoivent sa main dépassant du lit, une mare de sang… Elle se tient debout, une expression effrayée sur le visage… elle était morte… par ma faute…

Cela fait quatre ans depuis que la douce Hyunae a perdu la vie… il y a pas une journée où son fantôme me hante, me reprochant de l’avoir abandonnée alors qu’elle était sous ma responsabilité. Rempli de culpabilité, je me gave de médicaments pour ne plus avoir de vision de cette jeune fille. Je me laisse sombrer dans les abimes, je maudis mes dons… Je voudrais disparaitre moi aussi dans le voile de la mort mais personne ne pourra rendre justice… parce que le salaud qui a tué toutes ses personnes se balade dans les rues, nullement inquiété… parce qu’un avocat a trouvé la faille dans son dossier. Je bouillonne tous les jours de cette injustice. Pourquoi la vie est aussi moche ?