Une histoire comme toutes les autres.... Une famille qui sortait du lot. Alvin Crawford, né sous le nom de Cameron Drayton, faisait partie d'une famille aristocratique. Né au milieu du XV siècle, il est né dans une période qu'il considère comme une époque barbariste. L'Angleterre venant de perdre la guerre, c'était un coup dur pour tout le pays. Londres semblait plus calme, du moins pendant un temps. Quant à la famille Drayton, elle accueillait le dernier de la famille, Cameron. Dès sa naissance, sa vie était programmée, dès sa naissance, son chemin était tout tracé.

Né dans une famille composée de ses parents, l'un tenant une entreprise à succès et l'autre gérant la vie continuelle de ses enfants, de leur éducation, leur manière d'agir jusqu'à leur liens sociaux, tout était prévu, même pour le mariage. Son frère aîné, Conrad, était l'héritier de la famille. Il allait reprendre le flambeau, il était donc élevé beaucoup plus strictement que les trois autres. Les jumelles, Catherine et Louise, était formée par leur mère, pour devenir de magnifiques ladies. Malheureusement, Louise étant de constitution très fragile, elle finissait très souvent clouée au lit. Catherine, elle, aimait passer du temps avec le benjamin, lui faire des blagues, le mettre en colère. Un vrai garçon manqué. Autant dire que lorsque le plus jeune se vengeait, ils finissaient tout deux punis pendant plusieurs jours, devant avaler les mêmes sornettes sur leur comportement. Tout semblait aller pour le mieux pour cette famille, elle était riche, elle menait une vie paisible, une vie comme toute famille aristocratique, mais ce n'était que fausse joie avant le chaos.

Quand Conrad eut dix-neuf ans, il venait tout juste d'épouser une femme de bonne famille. Il allait rejoindre l'armée pendant quelques années avant de revenir et fonder une famille... C'est ce qu'on lui avait dit. Hors, quelques mois plus tard, Cameron alias Alvin, apprit la mort de son aîné. Désemparé, la famille fit son deuil. N'ayant pas d'autre héritier que Cameron, il fut instruit plus durement encore. Il avait seulement neuf ans. Catherine, âgée de quatorze ans, contesta ce choix. Elle pouvait prendre la relève, elle était l'aînée à présent, elle pouvait être l'héritière. Hélas, c'était mal vu dans une société de l'époque. Une femme à la tête d'une entreprise, cela en ferait rire plus d'un et pourtant, Alvin ne pouvait qu'être de son côté. Il l'avait observé, il aimait observé, devinait, comprendre autrui, et il le voyait bien: sa sœur était une leader née. Mais étant née femme, ce droit lui était interdit.

Forcé à suivre à la lettre cette éducation si insupportable, il a fini par devenir un homme à femmes. Incapable de supporter la pression sociale qu'on lui imposait, il allait souvent s'amuser à droite et à gauche, à commettre des coups par-ci par-là, provoquer quelques bagarres. Qu'il s'en sortait ou non sans accro, la famille finissait par l'apprendre. Il devait laisser ses parents le frapper, le remettre à sa place, le ramener à la réalité qu'on lui disait. Mais il ne supportait pas ça. Il avait seize ans, il devait bientôt se marier mais il refusait cela, et encore plus de reprendre la succession. D'autant plus que sa sœur Louise les avait quitté elle aussi, il y a un an de cela... La souffrance de sa perte l'avait bouleversé.

Dans cette famille, il ne restait plus que deux enfants: Catherine et Alvin, anciennement appelé Cameron. Lorsqu'il atteint ses dix-huit ans, il refusa catégoriquement d'épouser la fiancé choisie pour lui. Il avait même mis en avant tous les méfaits de sa fiancée, devant la famille entière afin de couper ce contrat de mariage. Ce soir-là, il n'aurait jamais pensé à quel point il aurait aimé périr des mains de son père. Il le battit jusqu'à ce qu'Alvin perde conscience...


Depuis, l'atmosphère dans la famille était devenue plus dur, mise à part sa bonne relation avec Catherine, plus rien n'était comme avant. Sans Conrad et Louise, plus rien n'était comme avant. Après avoir été battu presque à mort, Alvin se calma un peu, pendant au moins deux bonnes années. Les parents pensaient enfin voir en lui un leader fait pour reprendre le flambeau et le jour arriva quelques années plus tard. Âgé de vingt-cinq ans, son père étant beaucoup trop vieux selon le concept de l'époque le choisit comme héritier. Ce jour-là, il ne pensait pas attirer la curiosité d'une créature surnaturelle. Ce jour-là, pour sa première mission en tant qu'héritier fut d'abandonner ce poste. A la place, il nomma sa sœur Catherine directrice de l'entreprise. Le père, ivre de colère, avait lui-même fait une scène une fois rentrée. Il usa de coups, mais après en avoir reçu certains, le père prit un objet bien précis, une épée et prêt à l'abattre sur lui, Alvin n'avait d'autre choix que de se défendre et riposter. Mais sur le passage, le père tua accidentellement sa femme et voulant abattre sa lame sur sa fille aînée, Alvin dû abattre son père à son tour. Cette nuit-là, il n'avait pas pensé qu'on les surveillait. Cette nuit-là, il n'aurait jamais dû se défendre. S'il avait su, il aurait pu prendre ce coup tranchant et mourir au lieu d'attiser la curiosité d'un vampire bien trop oppressant.


Quelques mois plus tard, Alvin avait eu l'idée de retourner au brothel qu'il aimait bien fréquenté avant l'incident du père qui le bat jusqu'à l'inconscience. Il voulait tout oublier, il voulait juste savourer l'instant présent et ne plus penser à ce sang giclant sur lui, la lame souillée, le corps étendu du père qui se vidait rapidement. Cette nuit-là, il se saoula jusqu'à pas d'heure, et lorsqu'il prit la route pour rentrer, il fut mit à terre. Une force surprenante, surhumaine l'empêchait de bouger, il commençait à gesticuler, à demander à son agresseur s'il voulait de l'argent, si c'est la raison de cette attaque. A la place, un silence de mort. Il voulait s'échapper mais son corps faiblissait à vue d’œil, il avait été drogué. Et cette fois-là, il a été violenté, souillé sans la moindre façon de fuir. Un homme l'avait touché, un homme l'avait défleurit. Une honte sans nom s'abattit sur lui, un désespoir et un ego fortement touché. Il aurait voulu que beaucoup de choses changent mais c'était trop tard. Abandonné dans cette ruelle sombre, le soleil allait bientôt se lever. Il se redressa et se rhabilla, les larmes avaient coulé, les cris de supplice avaient rendu sa voix rauque, mais rien ne l'avait arrêté, il rentra dans un silence mortuaire.

Alvin avait essayé de vivre sans y repenser, à trouver des manières d'oublier ce qu'il avait vécu mais rien à faire. Il n'en pouvait plus. Chaque fois qu'on le frôla, il se figea, il repensa à ces nombreuses fois où il a été touché, contre son gré, et il en perdit la raison. Il devint plus violent, plus instable. Puis, quelques jours avant l'anniversaire de Catherine, il décida de mettre fin à ses jours. Il avait préparé une lettre d'adieu. Il était prêt à quitter ce monde. Et c'est en se vidant de son sang que sa vision devint floue... Ah enfin, il rejoignait sa famille... Du moins, c'est ce qu'il croyait.

La morsure. Il a été mordu et ce, par son agresseur. La raison était tout simple: Alvin était son jouet et un jouet, ça ne quitte pas son maître sans son accord. Voilà ce qu'il était devenu, un vulgaire jouet pour un vampire qui s'ennuyait bien trop. Depuis ce jour-là, il a été séquestré, abusé, servi de moyen de divertissement pour son bon plaisir. Pendant des années, il devait le divertir. Pendant des siècles...

Ce n'est qu'au XVI siècle qu'il réussit pour la première fois à fuir. Il avait réussi à retrouver sa maison familiale pour en apprendre plus sur eux. Qu'était devenu sa sœur ? Une descendance peut-être ? Il réussit à en apprendre plus sur la mort de son frère aîné mais avant même qu'il ne puisse s'informer plus, son maître le retrouva et sa colère s'abattit sur lui. Il avait été torturé pendant plusieurs heures, plusieurs jours, peut-être même des semaines. Il n'avait pas vu le temps passer, il ne voyait jamais le temps passer....

Mais cela ne l'empêcha pas de tenter encore et toujours à fuir, mais sans succès. Pendant des années il tenta de fuir, de mettre fin à sa vie mais sans plus. Il avait dû s'y faire avec le côté vampire qui l'habitait... Un vampire... S'il pouvait trouver un autre vampire, peut-être que ce dernier pourrait lui dire comment mourir ? Il aimerait tant quitter ce monde...

Comme si les cieux avaient eu pitié de lui, son maître avait été attiré par un humain. Il l'avait mordu, l'avait accueillit et s'était amusé à le défleurir à son tour. Alvin n'allait pas le sauver, il devait déjà se sauver lui. Et une nuit, il réussit à le faire. Il quitta le pays. Depuis sa première fuite, six ans ans avait déjà filé. Il avait volé pour quitter le pays, pour aller aux Etats-Unis, un pays qui semble-t-il parlait l'anglais. Passant pour un jeune homme de vingt-cinq ans malgré qu'il avait bien plus que cela, il était devenu inculte de ce monde. Il profita pour changer de nom : il prit le nom Alvin Crawford. De plus, il décida d'aller à ce qu'ils appellent l'université. Il pouvait le faire tant qu'il pouvait payer ses études. Ainsi, il travailla pour pouvoir mener ses études. Il en apprit beaucoup du monde, ce qu'il ne connaissait pas, ce qu'il connaissait, ce qu'il ne s'attendait pas.... Ces tentatives suicidaires diminuèrent. Il voulait découvrir ces nombreux pays qui existent dans le monde. Et pour fuir son maître, c'était aussi une bonne raison.

Ainsi, pendant les siècles qui suivirent, il alla de pays en pays, cherchant à cacher le plus possible les traces de son passage avant de finalement atterrir, en 2435, dans ce nouveau pays. Il apprit que cet endroit, cette ville recueillait le plus d'êtres surnaturels dans les environs. Peut-être trouvera-t-il un hunter, ces fameux humains chasseurs, pour qu'ils puissent le tuer si jamais son maître finissait par le retrouver.

Une fois installé et après avoir pris quelques leçons de photographie, une passion qu'il avait découvert lors de ses voyages, il rejoignit une agence de mannequinat en tant que photographe professionnel. Une nouvelle vie l'attendait peut-être.