900 ans de vie, et je peux vous dire que pendant toute cette période, j’en ai vu des choses et j’en ai possédé des gens. Certaines étaient plus dignes de ma présence que d’autre. Il y en a qui m’ont rapidement lassé, tandis qu’à l’inverse d’autre ont eu l’honneur de partager leur misérable existence durant de très longues année avec moi. Une chose est sûre, je ne choisis jamais ma future enveloppe corporelle au hasard où, du moins, je ne fais plus l’erreur depuis des décennies de m’emparer de la personnalité d’un humain qui serait presque digne de devenir un ange. Tout l’intérêt pour moi est de posséder des personnes qui, au fond d’elles, ont eu rancœur ou un sombre désir de vengeance. Elles sont bien plus faciles à posséder et ploient assez rapidement sous mon emprise. Impossible, pour elles de résister à la noirceur de mon cœur et aux belles promesses de vengeance, dans le sang, que je leur offre sur un plateau d’argent, si elles me cèdent complètement la place.

Voilà donc pourquoi ma route a fini par croiser celle de ce petit humain Son Yong Min. Si à la base, je n’aurais jamais porté mon intérêt sur lui, la fin de sa vie changea radicalement sa façon de voir le monde. Finis le petit humain doux et innocent plein d’optimisme. La noirceur qui a soudainement envahie son cœur a été la clé de sa libération et l’opportunité pour moi d’obtenir une nouvelle vie, en fusionnant totalement avec lui.

Pauvre petit humain, il avait pourtant une si belle vie. Malheureusement pour lui, il a eu le malheur de faire confiance aux mauvaises personnes. Voilà ce que l’on gagne à avoir confiance en la vie et à espérer qu’il peut y avoir du bon en chacun. Pauvre créature sans force, qui a eu le malheur d’avoir un joli physique et une bien trop belle personnalité. Dans ce monde, il était à prévoir qu’il ne ferait pas long feu. Impossible pour un petit humain aussi pur, de ne pas attirer la jalousie et la noirceur des ténèbres.

Vendu par ses amis à des créatures dans mon genre, Yong Min s'est rapidement vu enfermé dans une cage pour servir d’animal de compagnie. Je me souviens encore de ses larmes et de ses hurlements qui retentissaient dans le ciel. Pauvre créature dont l’aura presque céleste commençait à doucement s’éteindre à chaque fois qu’il se faisait battre ou qu’on lui passait de force sur le corps. Doux spectacle que voilà, pour une personne dans mon genre. Si ses ravisseurs, jubilaient déjà à l’idée qu’il finisse par devenir une coquille vide sans âme, je pouvais au contraire sentir que son cœur rouge plein de vie, commençait peu à peu à ce teinté d’une couleur noire comme la nuit.

Longuement, jour à près jour, j’ai flotté dans les alentours guettant le moment opportun. Il aura finalement suffi d’un lycan en chaleur pour que la vie de mon petit humain ne tienne plus qu’à un fils. Laissé pour mort, à bout de force, j’ai alors commencé à l’entendre souhaiter la mort des responsables de son sort. Je me revois encore ce jour-là, sourire satisfait de la tournure des évènements. Il était enfin temps pour moi que je rentre en scène, et que je m’empare de ma nouvelle vie. Au bord de la mort, je n’ai pas eu grand mal à convaincre Yong Min de me laisser la place. Lui promettant de le laisser assister au massacre de ses bourreaux, ainsi que de ses anciens amis, il a fini par me laisser totalement la place quand le dernier sang de sa vengeance, c’est enfin mit à couler.

Voilà maintenant 600 ans, que je suis dans ce corps et je dois dire que je trouve ça horriblement plaisant. Son visage de petit ange m’offrant de nouvelles possibilités, je prends un grand plaisir à me servir des traits de son visage et de son ancienne personnalité pour manipuler avec une grande habilité mon entourage. La vie qu’il a menée, m’a également inspiré concernant les objectifs de ma nouvelle vie. Connu pour être un démon cruel et sans cœur, je suis donc resté fidèle à moi-même en reproduisant ce que mon petit humain a pu vivre, à la différence que moi, je serais le fournisseur de toute ses petites créatures un peu trop naïve.

Je ne vais pas mentir, il n’y a rien de plus jouissif que de les entendre me supplier quand je les enferme dans les sous-sols de mon club. Il n’y a rien de plus délectable que de les voir enfermés dans des cages ou suspendu au plafond, comme de vulgaire marchandise quand vient le moment pour mes clients de faire leur choix. Les larmes qui roulent sur leur joue durant les ventes, sont un moment que je garde éternellement dans ma mémoire en souriant. Il n’y a d’ailleurs rien de plus plaisant que de les imaginer hurler à la mort, appelant au secours, tandis que la musique de ma boite de nuit situé juste au-dessus, recouvre le moindre de leurs sons. Peu m’importe ce qui peut leur arriver ensuite, leur sort ne m’est d’aucun intérêt. Acheté, pour servir de buffet ou d’esclave, cela revient à du pareil au même pour moi.