Samedi matin. Le jeune homme est profondément endormi dans la chambre conjugale. La couette remontée au-dessus de la tête, il préservait ses yeux de la lumière du soleil levant. Ce dernier pointait ses rayons à travers les stores, ce qui illuminait la pièce d’une douce lueur chaleureuse. Le sommeil commençait lentement à le quitter mais il faisait durer ce moment en restant allongé. Il savourait le silence de la maison même si ses oreilles captaient des bruits provenant probablement de la cuisine. La place de sa femme dans le lit était froide. Sae Hee devait donc être levée. Pourquoi ne pouvait-elle pas faire la grasse matinée ? Shin Ran se trouvait chez ces parents. Ils l’y avaient déposé la veille comme chaque fin de semaine. Son épouse devrait alors en profiter pour dormir aussi. ARGH ! Elle ne savait pas prendre du temps pour elle ? Shin trouverait une solution pour ramener sa belle sous la couette. Il laissait la jeune femme s’occuper dans la cuisine pour le moment. Son corps était encore dans les limbes, engourdi par le sommeil. Il émit quelques ronronnements tout en frottant sa joue contre son oreiller avant de sombrer une nouvelle fois. Des odeurs alléchantes chatouillèrent ses narines quelques heures plus tard. Il n’avait pourtant pas envie d’ouvrir les yeux même si son estomac grondait. Un geste tendre reçut un sourire puis une espèce de gargouillement. Il gémit un peu plus alors qu’il sent un poids contre son corps. Le doux parfum de sa femme s’élève vers ses narines. Il avait toujours aimé cette odeur ! Ses yeux s’ouvrirent alors que Sae Hee caressait sa joue. Le sommeil alourdissait encore ses paupières. Il maugréa un vague « bonjour » qui ressemblait plus à une bouillie dans sa bouche sèche. Shin rendit son baiser matinal puis se redressa difficilement dans les draps. Il rejoignit sa belle contre la tête de lit et zieuta le plateau chargé. « tu as des pouvoirs magiques ou quoi ? » Shin passa sa langue sur ses lèvres. « tu as eu le temps de préparer tout ça ? » Il se pencha pour déposer un baiser dans son cou, juste sous son oreille. « j’ai la plus merveilleuse des femmes ! Merci ma chérie ! » Il se frotta les mains. « On commence par quoi ? »

Les grasses matinées sont peu fréquentes au cours de la semaine. Ils ont une adorable princesse qui malgré les années soufflées a toujours besoin de ses parents, plus particulièrement de sa maman. Les deux demoiselles ont une relation unique qui rend toujours ce papa gâteau complètement gaga. Il pourrait rester des heures devant une scène pendant laquelle les deux joueraient ensemble ou feraient les devoirs de la pitchoune. Cette enfant bouleversait leur petit quotidien. Elle y mettait de la joie, des paillettes, des confettis, des rires, des larmes. Elle était comme un petit arc-en-ciel. Cela voulait dire pour les deux parents que les moments câlins, coquins se faisaient plus rares mais surtout plus privés. Heureusement ils se libéraient le samedi pour être juste tous les deux. Des instants privilégiés. Alors que cette belle maman se lève pour préparer le petit déjeuner, il hiberne encore. Le sommeil est précieux quand on est parent. On grappille chaque seconde possible. Il ronfle paisiblement quand sa femme entre dans la chambre avec un repas de roi. Les odeurs alléchantes viennent lui chatouiller les narines. Ouvrant les yeux, il esquisse un sourire tout en se redressant pour saluer son épouse. Les années passées ne changeaient pas ses sentiments pour Sae Hee. Ils étaient encore plus forts. « Je serai au courant si tu avais des pouvoirs. » Il sourit tendrement puis dépose un bisou sur sa joue. « Nous, on se cache rien. C’est ce qui fait notre force. » Quel horrible mensonge ! Il n’avait jamais révélé sa nature de hunters à sa femme. Comment elle prendrait ça ? Il avait peur de sa réaction. « Attends ! Tu es debout depuis combien de temps ? » Il ouvrit grand les yeux. Sa réponse adorable le fait rire. Il saliva devant les pancakes. « Tu veux que je grossisse en faites ? Tu as un plan diabolique pour que je ne te quitte jamais ? » Il se marra tout en prenant le sirop d’érable. « Pas besoin de ça ! Tu es l’amour de ma vie. » Il allait avaler une bouchée de pancakes quand elle lui annonça mais il suspendit son geste. « Un autre enfant… » Shin était fils unique, une chose qu’il avait toujours bien vécu contrairement à sa femme. « Ma chérie, tu désires vraiment retourner dans les couches, les nuits blanches, les cris ? » Il se souvenait de cette période infernale avec Shin Ran. Il aimait profondément sa fille au point de partager tous ses moments avec sa maman mais il en gardait pas de bons souvenirs. Le jeune homme souhaiterait bien sauter cette période pour vivre toutes les autres. Sae Hee pourrait quand même compter sur lui. Il se demandait si le plaisir de sa femme passait avant la tranquillité de leur petite vie. Assurément. Ils auraient donc un autre enfant. Reposant sa fourchette, il regarda son épouse. « Qu’attendons-nous pour nous y mettre alors ? » Il repoussa le plateau pour la ceinturer et couvrir son visage de baisers.

« Dois-je comprendre que je ne suis pas assez mystérieux pour vous, madame ? » Je hausse un sourcil tout en esquissant un sourire. Il me semble que mon comportement est bien loufoque. Mon expression en serait presque comique si nous oublions que je cache un gros secret à cette femme dont je suis totalement fou. Pourvu que cela reste toujours un secret sinon je ne sais pas comment justifier mon silence auprès de mon épouse. Comprendrait-elle pourquoi je ne lui ai rien dit ? Dois-je prendre le risque de la perdre ? Je ne m’en remettrai pas.

DIX HEURES ? La journée est bien avancée. On a perdu beaucoup de temps ! Mes yeux illustrent la panique qui me gagne en bougeant dans tous les sens. « Tu aurais dû me réveiller plus tôt, ma chérie. Pourquoi tu me laisses dormir autant ? On aurait pu faire plein de choses pendant toutes ses heures perdues. » Mon sommeil est assez reposant la plupart du temps mais le samedi… Je profite de l’absence de ma fille pour récupérer de cette petite fatigue que j’accumule dans la semaine. « Tu dors assez bien ? Tu ne veux pas consulter pour tes nuits ? » Je pose une main sur son front puis la base de sa nuque. « Tu devrais songer un peu à toi, Sae Hee. » Je dépose ensuite un baiser sur son front. La suite de la conversation prend une tournure de chamailleries dont nous avions le secret. Les autres nous comprenaient pas toujours mais peu importe puisque nous étions heureux ensemble. Il me suffit de ma femme et ma fille pour illuminer ma vie. Le reste est superflu ! Elle me pince puis me balance une remarque qui me fait rire. « Il suffit de passer un après-midi au parc avec Shin Ran pour perdre les kilos en trop. » Notre princesse est adorable mais une fois dans un parc, elle se sent pousser des ailes. Elle court partout et nous on passe notre temps à lui courir derrière pour qu’elle ne se mette pas en danger. Un spectacle adorable mais atrocement fatigant pour nous. On se fait vieux ! « Il y a une activité que j’aime faire avec toi… mais on a une princesse qui nous empêche de le faire partout dans la maison. » Je fais un clin d’œil avant d’arroser mes pancakes de sirop d’érable. Un pur orgasme !

Sae Hee souhaitait un autre enfant alors que je suis plus réservé sur cette décision. Nous avions assez bavé en élevant notre petite fille. Pourquoi nous replonger dans ses moments difficiles ? Ma femme a une santé fragile. Je ne souhaite pas craindre de la perdre chaque fois qu’elle prend une respiration. Elle est la prunelle de mes yeux. Jamais je ne pourrais vivre sans elle. Je suis assez refroidi par son envie. Nous sommes bien comme nous sommes. A-t-on réellement besoin d’un autre enfant ? Je connaissais sa frustration de ne pas avoir eu de frère ou sœur alors que moi cela me convenait de ne pas partager mes parents. Nous avions des expériences différentes. « Je m’en rappelle oui… » Comment oublier cette première fois ? Ma fille jouait dans le jardin d’hiver qui me sert aussi de lieu pour travailler. Elle avait ses petites joues rouges de contrariété parce que la grosse plante en face d’elle ne répondait pas à ses babillages. Une scène adorable avant qu’elle prononce « papa » en regardant la plante. Shin Ran me confondait avec une plante verte ? Heureusement elle avait tourné la tête vers moi avant de recommencer. En faites elle m’appelait au secours. Mon visage s’attendrissait chaque fois que je pensais à ma fille. Je suis un papa gâteau. Un peu trop selon les dires de ma maman mais peu importe.

Je choisis de capituler devant l’envie dévorante de mon épouse d’avoir un second enfant. Je ferai tout pour que ma femme soit heureuse… et si cela signifiait que nous allions replonger dans les couches alors d’accord. Repoussant le plateau, je ceinturai sa taille puis couvrit son visage de baisers. Son rire était comme le selon d’une douce cloche. Un son plaisant à mes oreilles. « Il faut savoir madame Seonu… Soit on prend un petit déjeuner au risque de me voir dormir à nouveau car mon estomac sera bien rempli, soit on passe aux galipettes puis on mange ensuite. » Je souris tout en chatouillant ses côtes. J’aime l’entendre me dire qu’elle m’aime. Cette déclaration je ne m’en lasserai jamais. Je rougis puis cache mon visage dans son cou pour y déposer de petits baisers. Je la libère subitement puis me redresse pour reprendre le plateau. Affichant tout le sérieux possible dont j’étais capable en cet instant, je me tourne vers elle. « Alors madame, que voulez-vous manger ? » Je feins de m’intéresser au petit déjeuner alors que je préfère passer du temps entre ses bras. Je coupe un morceau de pancake puis lui tends. « Aaaaaaah… » Je fais l’avion comme avec Shin Ran quand mademoiselle fait sa boudeuse. « Il va falloir que tu t’y habitues à nouveau si jamais on a un autre enfant. Tu resteras au lit pendant que je te nourrirai. » Je tire la langue.  

Ce moment passé en compagnie de ma femme… Une belle bulle dans laquelle j’aimais me glisser en sa compagnie. Mon petit rayon de soleil. Je peux être un papa affreusement gaga devant sa princesse mais vous ne pouvez pas imaginer quand mes yeux se posent sur mon épouse. Je fonds sur place comme Olaf dans la Reine des Neiges quand il reste devant le feu. Je deviens presque débile en sa présence. Ma reine a un drôle d’influence sur moi. Je suis heureux avec elle ! Ne pensez pas que Sae Hee est une femme parfaite, sans défauts. On ne peut jamais faire une grasse matinée ensemble parce que madame a un sommeil court par exemple. Elle repousse toujours ses limites au point de jouer avec sa santé. On ne se ressemble pas mais bizarrement notre couple fonctionne merveilleusement bien. Les choses paraissent naturelles entre nous. « Vaut mieux pour toi sinon je te traine par la peau des fesses chez le professionnel. » Je souris puis vole un bisou. Notre conversation se poursuit tranquillement sur des sujets plus personnels comme la première fois que Shin Ran m’a appelé papa. Un moment qui restera toujours graver dans ma mémoire parce que l’on n’oublie jamais ce mot mais surtout le contexte. Ma fille, une pile électrique ? Pas certain que ce terme englobe réellement son petit caractère. Mademoiselle savait comment nous mener par le bout du nez… enfin moi surtout. Je cède trop facilement devant ses yeux de chat botté et ses petites mains tendues vers moi. Je me fais à chaque fois avoir ! « On se demande de qui elle tient ?! » Je tire la langue en direction de ma femme avant de commencer mon petit déjeuner.

Sae Hee me remit sur le tapis son envie d’avoir un second enfant. Je ne suis pas forcément contre dans le fond même si personnellement je ne vois pas trop l’intérêt de donner un petit frère ou une petite sœur à notre princesse. Elle était déjà bien chouchoutée par toute la famille. Elle devrait partager… est-ce que cela n’allait pas créer une frustration qu’elle nous reprochera plus tard ? Il y avait plusieurs questions qui se bousculaient dans mon esprit. Cependant elle balaya tout seulement en ayant ce regard brillant qui m’appelait. Je le connaissais par cœur ce regard. C’est celui qui avait déjà volé mon cœur quand nous étions au lycée puis quand elle avait accepté de m’épouser et quand elle m’a annoncée sa grossesse. Je suis toujours faible devant ses yeux lumineux. Je l’attaque en passant mes bras autour de sa taille. Quand elle me prend par les sentiments, je lâche prise puis me redresse comme un suricate. « Quoi ? Je louperai cette occasion pour rien au monde. Pas souvent que la princesse n’est pas dans les parages. » Je taquine Sae Hee en faisant l’avion pour lui donner un morceau de pancake dans la bouche. Gloups. Sa remarque suspendit mon geste. « Hmmm… proposition intéressante. Si je mets du sirop d’érable là, est-ce que cela ne va pas trop coller ensuite ? » Il faut penser aux petites choses pratiques.

Ma femme me connaissait tellement bien. Je posais mon front contre son épaule pendant qu’elle me caresse la nuque. Jamais elle ne se montrait égoïste. Elle avait le cœur sur la main… et tellement de personnes lui avaient fait du mal avant. Je ne voulais pas me rajouter à cette liste. Je soupire alors que le plateau disparait du lit pour la table de nuit. Lorsqu’elle a pris place sur mes genoux, mes bras enserrent sa taille. Elle lit en moi comme un livre ouvert. Je niche mon visage dans son cou en la serrant tout contre moi. « Il y a des choses débiles qui me font peur telles que la réaction de Shin Ran ou comment on va faire pour nourrir une seconde bouche. » Je soupire parce que ce sont des interrogations que chaque parent se pose. « Je crains surtout de te perdre. Je ne peux pas oublier ta première grossesse. Tu as failli y passer ma chérie. Je ne… Je… » Je la serre encore plus fort contre moi pour cacher mes larmes. « Que deviendrons-nous sans toi s’il t’arrivait quelque chose ? » Je savais que nous nous ne remettrions jamais de sa perte même si je pouvais assurer l’éducation de notre fille. Il y aurait aussi sa famille dernière nous. « Sae Hee… au-delà du faites que nos enfants grandiront sans toi… moi… je ferai quoi sans mon âme sœur ? Comment survivre sans toi ? Tu es mon rayon de soleil, ma raison de vivre, mon oxygène. Je ne peux pas envisager de poursuivre sans toi. J’ai tellement eu peur la première fois… Je ne sais pas si j’aurai la force de te voir dans le même état. »