La demeure familiale pour elle toute seule ce soir. Ses parents en sortie romantique, sa sœur qui avait disparu de la maison depuis le matin-même, sans prévenir où elle se rendrait. De toute façon, Maïa, elle s’en fiche un peu, sa sœur faisait ce qu’elle voulait, après tout. Maïa elle y voyait juste une occasion de se retrouver avec elle-même ailleurs que dans les bois. Parce qu’elle sait que tout le monde rentrerait tard, elle en profite pour sortir ses accessoires d’apprentie sorcière, pierres précieuses et bois de sauge, et la pièce éclairée par de simples bougies à la couleur violette. Sa planche de ouija fièrement préparée sur la table du salon, elle s’y installe. Maïa le sait, qu’elle n’a pas besoin de tout ça pour communiquer avec eux, mais elle trouve cela bien plus divertissant que de simplement les appeler pour qu’ils viennent à elle. Ses doigts fins se posent sur la goutte, s’en suit alors le rituel habituel. Ses yeux fermer, elle invoque, appelle, cherche quelqu’un. Quelqu’un qui passe près de chez elle, ou peut-être quelqu’un qui y a élu domicile depuis bien longtemps sans même que personne ne le sache. Une force étrange s’installe dans la demeure, et un sourire se dessine sur les lèvres de l’étudiante ; quelqu’un a répondu à son appel. Elle ressent son aura, particulièrement puissante, elle ne saurait dire pourquoi. Ses yeux s’ouvrent alors, fixant sa planche, l’intermédiaire de l’esprit et elle. Des questions basiques, qui es-tu, que fais-tu ici. Mais c’est qu’elle ne s’attendait pas aux réponses qu’elle allait pouvoir entendre.
C’est un hoquet de surprise qu’elle laissera s’échapper de ses lèvres lorsqu’elle apprend que l’esprit qu’elle venait d’invoquer n’était qu’autre qu’un ancêtre de la famille Kang, sa famille autrement dit. Ou presque. Mais il ne lui laissera pas d’indice sut ce sujet. Il semblait être directement lié à Sae Ran, son frère. Un descendant direct, peut-être ? Elle n’en saura pas plus non plus. Les mots qui reviennent le plus souvent, amour, drame, vampire, regrets. Difficile d’être plus précis au travers de la planche où un simple alphabet s’y trouve, accompagné d’un oui et d’un non. Mais elle sait, que même après cette séance, elle continuera à lui parler, il continuera de l’accompagner. L’esprit disparait pour ce soir, mais reviendra plus tard, c’est qu’ils avaient encore beaucoup à se dire, Maïa beaucoup à découvrir.
Et à l’instant même où l’entité s’éclipse silencieusement, la porte d’entrée s’ouvre, Maïa sursaute. Et souris après. Sourire espiègle, sourire ravi, elle fixe le nouveau venu. « Oh, Sae Ran ! Tes oreilles n’ont pas sifflées ? » Elle se relève, ne le quitte pas des yeux. Elle prend sa planche de ouija dans les bras. « Je viens d’avoir une discussion assez intéressante » Et son sourire devient un peu plus narquois. Elle rallumer les lampes de la pièce, souffle sur les bougies afin d’en éteindre les flammes. « Avec l’un de tes ancêtres » annonce-t-elle alors fièrement, scrutant la moindre réaction de son frère.