Être infirmière, on peut voir des vertes et des pas mûres. Nos cœurs se resserrent plusieurs fois par jour pour des cas tristes comme un enfant blessé, une perte d’un être cher, un malade. Parfois, c’est difficile, parfois c’est lourd à gérer et pourtant j’aime mon métier. Même si cela est récent datant de quelques mois, ça ne m’a pas empêché à aller de l’avant et d’apprécier ce que je fais malgré les horreurs de la vie. Je garde le sourire, je garde mon calme, c’en ai troublant quelques fois. Qu’est-ce que ça bougerait les choses si j’allais dans un état de panique? Faisant ainsi déclencher une panique générale? Non, ça ne fera rien. Ça va me paraître pour une folle qui ne sait pas comment gérer son stress. Une chance que je ne suis pas comme ça. Une chance que je suis une personne qui adore aider les autres et qui reste calme presque muette. J’en ai l’habitude qu’on me reproche d’être muette, mais étant née sourde, ça ne me dérange pas d’être muette. J’entends cela-dit avec mes appareils d’auditions, mais pour moi ce n’est pas un besoin de parler. J’ai même la manie de parler en langage des signes avant de me rendre compte que personne ne me comprend réellement. Remarquant que je suis également une des rare à pouvoir parler couramment cette langue inconnue de tous.

Il y a un vieil homme que je prends particulièrement affection et c’est réciproque. Depuis le début que je suis à l’hôpital, je me suis occupée de lui. Sympathique, amusant, disant de belles paroles. Il est rigolo. Je crois que je suis bien la seule également qu’il ne faisait pas son tannant pour enquiquiner mes collègues. Faisant peut-être exprès pour que je sois l’exception et que je m’occupe de ses soins. Ce pauvre monsieur, il est tombé dû à un malaise. Et depuis il est coincé dans son lit vu que ses jambes sont engourdies. Je lui ai même exigé davantage de soins, toutefois, il n’a pas cessé de me répéter : «Je me fais vieux… les jeunes en ont plus besoin que moi.» C’est la même réplique à n’importe qui même si c’est médecin, infirmières ou bien même le directeur de l’hôpital. Il n’a pas cessé de nous le répéter et avec le sourire. Je suis tout de même surprise qu’aucune personne n’a été à l’encontre de ses directives, mais on m’a dit que c’est une question de temps. Le temps qui s’écoule dans un sablier, me disant que les derniers grains sont à deux doigts de tomber. C’est la triste réalité; une fatalité que je devais accepter et qu’il a accepté. Je n’ai toutefois jamais vu de famille lui rendre visite. Me disant que ses enfants étaient bien trop occupés pour lui saluer, mais ça sonnait légèrement faux à mes oreilles. Seule une personne est venue et elle m’a seulement dit que cet homme a donné sa vie pour combattre, n’ayant aucune famille. N’ayant que lui-même comme existence. Cette femme étant qu’une amie de longue date, elle s’est volatilisée du jour au lendemain, lui laissant que la solitude pour lui tenir compagnie. Une simple amie? Ou un amour inavoué? Une nuit qui m’a fendu le cœur puisque cela a été la seule fois que je l’ai entendu pleurer.

Je lui ai appris quelques signes pour le divertir. Il a bien aimé. Ça lui a permis de lui changer les idées concernant sa peine. Cependant, j’ai bien vu son état qui se dégrade au fils des jours qui passent. Je m’attends qu’une journée, qu’il ne soit plus de ce monde. Aujourd’hui, je lui ai apporté une autre couverture puisqu’il n’a pas cessé de se plaindre qu’il a froid. « Est-ce qu’il vous manque quelques chose?» lui ai-je demandé en plaçant convenablement le plaid sur ses jambes. « Non, tout va bien. Je suis fatigué, je vais profiter dormir un peu.» Une voix rauque. Une voix qui s’affaiblit doucement. Je lui offerts mon plus beau sourire avant de disposer et de m’occuper d’autres personnes. Le temps peut être fourbe et être repris de manière aléatoire non? En sortant de cette chambre, j’ai su que bientôt. Bientôt, la mort aura raison de lui. Comment ne pas avoir les larmes aux yeux quand la personne que tu t’occupes depuis quelques temps dépérisse? J’inspire un bon coup avant de continuer ma tourner. Marchant dans le corridor, m’éloignant davantage de cette pièce. Croisant à la fois un homme qui me dit quelques choses. Je me suis retournée pour le regarder réfléchissant à quel endroit que j’ai pu le croiser. Ici, à l’hôpital, je crois. Je l’ai vu tourner le coin voyant que le profil de son visage. Il a bien un mec bizarre qui arrive et malheureusement quelqu’un meurt. Quelques minutes que j’ai prises à être plantée au milieu du corridor en réfléchissant à propos de l’inconnu étrange. Constatant des faits étranges, constatant également que la chambre de mon patient est à cette direction. Mes pieds ont bougé contre ma volonté. Du fait, j’ai rebroussé le chemin pour revenir à la case départ.

J’ai entré dans la pièce. Voyant que le moniteur cardiaque est éteint. Ça m’a fait mal au cœur, mais cela a été la fin pour lui et il a eu la gentillesse de me faire quitter sa chambre pour ne pas voir cette vision effrayante. Ça m’a fait de la peine qui puisse mourir seul, mais ce qui me préoccupe énormément en ce moment c’est le mec qui fait de drôle de gestes. Il s’est retourné brusquement remarquant sans doute la lumière du corridor qui pénètre dans la pièce. Il va tout m’expliquer? Qu’est-ce qu’ils ont ses yeux? Pourtant, la seule chose que j’ai pu sortir en étant troublée est ceci : «Vous savez que c’est illégale la nécrophilie..?» Je n’ai pas réfléchi à mes mots. Je n’ai pas été logique. Au contraire, un mélange de spontanéité et de choc a pu me faire sortir un truc comme ça. J’aimerais qu’il s’explique sur ce malentendu. Ça fait plusieurs fois que je le surprends ici et nous offrant quasiment un mort dans les bras. Ce n’est pas bizarre d’après vous?

@Won Nam Chul

Est-ce que j’ai réellement dit ce que j’ai eu en tête à l’instant même? Remarquant sa réaction stupéfaite qu’il m’affiche actuellement, j’ai placé ma main devant ma bouche. Non, ce n’est pas mon imagination qui joue des tours. Je l’ai dit pour de vrai. J’ai mentionné cela sur un coup de tête sans réfléchir ou bien observer la situation. Certes, je trouvais cela bizarre que je croise autant de fois ce mec et lors d’un décès. Je trouvais cela inquiétant et pourtant rien de si anormal n’a été constaté sur les cadavres. Ne disant seulement que c’est pour cause de maladie, succomber à ses blessures ou bien de cause naturelle dans ce cas-ci. Je ne comprends pas pourquoi je lui ai traité de nécrophile alors qu’il n’en ait nettement pas un. Je ne sais pas ce qui m’a pris honnêtement. J’ai remarqué ses yeux qui ont changé de couleurs et puis sa dague. Son mouvement qu’il a fait comme s’il a coupé un fil. Comme si ce fil relie l’âme à du charnel. Je ne suis pas sotte, je sais pertinemment qu’il n’est pas humain même s’il en a l’air. J’imagine bien cet homme de me traiter de folle pour penser à un truc aussi absurde. Je le vois bien quand il s’est mis à regarder la dépouille avant de retourner son attention vers moi. Je comprends autant sa confusion vu que je le regarde également de cette manière. Tout autant déstabilisé par ma bêtise que j’ai pu sortir à mon insu.

«Hein?» Ma seule et unique réaction avec mon air stupéfaite à sa réponse. Hm, ouais je sais. Qu’est-ce que cela signifie? Est-ce qu’il est en train de dire ce que je lui ai dit est véridique? Je secoue la tête à cette pensée. Il est autant déstabilisé que moi. Je ne pense plus du tout clairement depuis la nécrophilie. D’ailleurs, est-ce que j’ai bien vu ce qu’il avait dans la main et également auprès du mourant? Est-ce que j’ai bien vu ses yeux se changer de couleurs sous mes yeux? Tout ça, c’est net dans ma tête. Ce que je tente de rendre tout cela rationnel c’est bien ce qu’il a dit. Énormément d’incohérence dans mes pensées pendant que je me retourne pour vérifier que personne ne m’a suivi. Je crois que ce gros malaise, ce gigantesque blanc exige une quelconque explication. Comment je pourrais m’expliquer? «Yo, j’ai été sous le choc et j’ai dit ce qui m’est venu à l’esprit» Est-ce que vous me voyez lui dire quelque chose de semblable? En fait oui, mais par où commencer? J’ouvre ma bouche pour aussitôt la refermer. La phrase est si belle, mais je suis incapable de prononcer un mot. Finalement, c’est plutôt l’homme devant moi qui s’est mis à parler. Je ne panique pas en fait, je ne sais pas comment réagir adéquatement face à cet énorme malentendu. Je suis malaisée. «Je… euh… Désolée, je ne voulais pas vous traitez de nécrophile et enfin… c’est sorti sur le coup.» Voilà, le son a fini par sortir, j’ai certainement bégayé, mais c’est mieux que de ne rester muette, non? J’aurais pu lui parler en signe comme j’ai la manie de faire, mais personne ne comprend ce langage malheureusement.

Il s’approche touchant l’interrupteur pour allumer la lumière. Je souris tristement à ses paroles. Son heure était si proche que cela qu’il le sentait au point de me faire disposer? Il ne voulait pas que je le vois mourir j’imagine. Je suis en quelque sorte soulagée qu’il se soit endormi de cette façon. Une mort paisible. Tu t’endors sans jamais te réveiller donc tu ne sais pas si tu rêves ou si tu es mort. Un trépas en douceur que toutes les personnes de cette planète ont le droit de recevoir. Pourquoi être victime d’un assassinat ou quoique ce soit de brutal? Pourquoi autant de violence? La paix existe et la preuve a été sous mes yeux. Donnant son dernier souffle pendant que j’étais ailleurs pour que cette certaine personne puisse venir et se recueillir? «Les mots sont utiles dans ce cas-là?» soupirai-je doucement en regardant cet inconnu. « Les mots n’ont aucun sens pour moi contrairement à d’autre.» Je suis une personne qui manque la faculté d’audition. J’ai appris le langage des signes avant de pouvoir articuler et parler comme il se doit. Tout se passait dans les expressions du visage et lire sur les lèvres. D’ailleurs dès qu’on lit sur les lippes aucun sentiment ne se transmettent réellement. Du fait, je n’ai appris que tardivement ce que s’était d’exprimer ses émotions. Même chose pour la diction et apprendre à parler convenablement comme en ce moment, je passe inaperçu jusqu’à temps que je passe une mèche de cheveux en arrière de mon oreille révélant ainsi mon appareil, jusqu’à temps que je fasse des signes. Tout comme maintenant. Porte toi bien.

J’ai vécu toute mon enfance et mon début de vie adulte avec un hunter comme paternel adoptif. Certes, je connais tous les créatures surnaturelles possibles. Je n’ai pas peur. Je me méfie seulement comme il me l’a appris. Je sais que les vampires sont redoutable, mais ils ont des points faibles tout comme les autres. Contrairement aux autres groupes, l’humanité est certainement l’être le plus faible. L’homme ne se transforme pas. Ni une force surhumaine. Ni des sens aiguisés. Ni de pouvoir magique quelconque. Nous sommes banaux. Nous nous entraînons pour avoir des habilités et même là, parfois ce n’est pas assez pour qu’on puisse pencher la victoire sur notre côté. Sauf que tout cela je m’en fiche puisque je désire une cohabitation entre chaque espèce pour au moins avoir une paix réelle et non un semblant de paix. « Pourquoi devrais-je ne pas croire alors qu’on a des vampires, lycan et autres? Toutefois je m’attendais pas de voir la mort en personne, n’est-elle pas invisible?» Une question posée et je lui réponds par une autre. Il a commencé par me tutoyer et finalement pour me vouvoyer. Ça m’a fait rigoler un peu avant que j’avance vers le corps inerte du patient. M’assoyant sur le bord du lit, je souris en passant ma main sur son visage grisâtre. Sa chaleur s’échappe de plus en plus, laissant la froideur de cette mort l’envahir davantage. Une belle amitié est née entre nous et s’est éteint du même coup. J’ai de la peine certes, mais je m’y attendais, c’était seulement une question de temps. «Ne vous en faites pas, je savais qu’il allait bientôt nous quitter. Désolée encore du malentendu au fait.» J’essaie tant bien que mal de me réconforter sentant mes larmes monter à mes yeux. J’ai déposé mes yeux sur cette pseudo faucheuse : « Pourquoi cette question?»

@Won Nam Chul

Ne pas entendre initialement. Se sentir différent puisque nous manquons quelque chose que les autres ont. On se sent comme si nous sommes un jouet à défaut et nous met littéralement mise à l’écart. Bien souvent c’est notre réalité. Notre handicape, comme ils disent. Cet handicape nous handicape alors que dans le fond, non. Nous avons autant de connaissances que les autres même davantage puisque nous connaissons une autre langue. Nous sommes pareillement instruits, apprenions également les mêmes matières, sauf qu’on le fait différemment. Nous lisons au lieu d’entendre. Nous lisons sur les lippes ou nous comprenions les signes. C’est comme cela que nous sommes. Toutefois quand nous dotons des appareils comme que j’ai actuellement. Ça semble si banal pour certain, mais pour moi; ma vie en sourdine, je peux désormais entendre ce que toutes les personnes courantes dans ce vaste monde. Le vide, le néant que j’ai pu entendre n’est plus, donc j’ai appris à vivre comme un enfant ordinaire. Parlant a été une sacrée épreuve puisque je ne savais pas comment le prononcer correctement. On s’est fichu de moi, j’ai été bien des cibles de moqueries, mais cela ne m’a pas empêché d’aller de l’avant et de continuer ma prononciation. Ainsi, je suis devenue une jeune femme comme je suis; méprenant bien souvent que je suis née sourde. Pourtant, je ne le cache pas et je gesticule beaucoup lorsque je parle. Je pourrais peut-être dire que mon paternel et moi avons fait un merveilleux travail, non? Il m’a bien éduqué, je ne peux pas le nier. Malheureusement, je reste toujours en matière d’apprentissage puisque la notion : «mettre les sentiments dans les mots» n’est pas convenable, puisque je reste encore incapable de déchiffrer cela. Je me fis davantage aux expressions du visage que le sentiment du mot en tant que tel. Comment déchiffrer quand une personne est stoïque du visage?

Nécrophile, cela a davantage marqué l’esprit de cet individu devant moi ce qui m’a amusé. Certes, je me sens mal d’avoir agi ainsi spontanément et irréfléchie. Une chance que celui-ci n’a pas tenu rigueur de cet affront. J’y pense, je me retrouverai dans la merde si jamais il portait plainte à ma supérieure. Comment expliquer cette situation par après quand ton patient est décédé quasiment sous tes yeux et «à cause» de lui? Je me ferai sans doute passer pour une folle et heureusement qu’il n’a pas fait de plainte ou exploser de colère parce que je l’ai insulté. Je me sens chanceuse d’un autre côté, mais cela reste quelque chose de bizarre dans cette situation. Un homme qui coupe un fil invisible en ayant une dague dans les mains et des yeux qui changent de couleur à l’utilisation de ses pouvoirs, déjà, c’est assez suspicieux. Je sors doucement de mes songes quand il s’est excusé. Me disant de lui dire un dernier mot tout en joignant les mains comme s’il a un désir de faire un signe que j’ai appris au défunt. Il a eu le début, mais ne l’a jamais terminé puisque il a abandonné. Cela a toujours été comme ça pour ceux qui entendent. Ils commencent, mais ne finissent jamais donc on finit par rigoler puisque la phrase n’a aucun sens ou bien cela voudrait dire autre chose. «Sans façon, il est déjà au courant.» Je n’ai pas besoin de dire ce que je pense, le vieil homme a toujours su mes intentions. Je n’ai voulu qu’il soit heureux et en santé. Qu’il ne souffre pas tout en ayant de la compagnie auprès de lui. Il sait, je lui ai déjà dit et c’était pour ces raisons que j’ai voulu rester à ses côtés. Quand sa santé a commencé à se dégrader j’étais de plus en plus aux oignons avec lui et il le savait. Tout le monde savait que c’était une question de temps.

Auprès de lui, je l’ai contemplé. Il a un sourire aux lèvres, il a fait un beau rêve avant de quitter son corps, c’est bien. Je lui caresse le visage un moment, replaçant délicatement une mèche de cheveux rebelle. Je réfléchis. Me disant que la mort est sournoise car elle frappe à tout moment, mais elle peut être douce. Mourir d’Alzheimer, c’est la pire mort qui puisse exister dans ce monde. Un meurtre, cela reste agressif et malheureux, mais Alzheimer… Plus le temps avance et plus que tu oublies. Commençant par des choses banales par exemple oubliant de fermer une fenêtre, perdre des objets, cherchant des mots, etc. Continuant en oubliant quelques détails de ta vie, te sentant désorienté. Puis, tu oublies ta propre famille, oubliant la personne que tu aimes le plus au monde, oubliant où est ton chez toi. Ensuite c’est le cerveau qui commence à oublier le fonctionnement primaire des organes car oui, tu oublies d’aller aux toilettes, de manger et tu finis par cesser de respirer. Tu restes néanmoins conscient quand tu suffoques, sauf que tu ne te rappelles pas comment fonctionne tes poumons. Ainsi, la peur t’envahie et tu paniques, mais tu ne sais pas quoi faire, tu as tout simplement oublié ton autonomie. Pour mon patient, il commençait tout juste cette maladie. Cependant, c’était une autre maladie qui rongeait les entrailles et qu’il a fini par succomber à cette guerre acharnée. Il a fini par déposer les armes et de se laisser aller. Il souffrait terriblement, il a bien fait et tout ce que nous nous pouvions faire étant de lui donner de la morphine pour enlever la souffrance qu’il a pu ressentir. Lui rendre le sourire c’est que j’ai pu faire avant qu’il quitte ce monde. Une mort bien douce et je remercie grandement. J’aurais éclatée en sanglot si cela avait été le contraire. Il mérite d’être en paix, même si cela me fait de la peine. Même si je sens mes larmes roulées sur mes joues, il mérite d’avoir la tête posée et de partir sans se soucier des vivants qui tentent de survivre pour vivre.

Je rigole en entendant encore une fois nécrophile. J’essuie mes larmes rebelles avant de me redresser pour m’occuper des équipements. Ainsi la mort est plusieurs personnes. Grim reaper. Mon regard s’est posée sur lui alors qu’il me montre un tour de magie que je reste sans voix. Je contourne le lit pour m’approcher de lui, mais un coup de poignet et son arme disparaît. Parais-je si idiote de me montrer vulnérable à ce point? Je n’ai pas peur. Je me méfis de tout puisque c’est dans ma nature, mais je reste avant tout curieuse des tours de magie qui me sont inconnus. Comme un enfant que tu tentes d’attirer par des bonbons ou des cookies. C’est pareil dans mon cas, mais j’ai un atout. Si quelqu’un tente de me faire quoi que ce soit; je sais au moins me défendre. Donc, je n’ai pas peur. «Est-ce que tu peux modifier ta dague ou elle reste telle quelle?» interrogeai-je en fronçant les sourcils. Est-ce un objet qu’il peut changer à sa guise ou bien c’est une arme qu’il a choisi et qui reste comme ça indéfiniment? Métamorphoser son arme à volonté ou pas? Ça m’a rapidement frappé la question que je lui ai posé car je ne suis pas attirée à tout ce qu’il s’agit de violence et tout ce qui suit. Cela reste une question pourtant pertinente. Comment la magie fonctionne? Comment qu’ils apprennent cela comme nous apprenons les mathématiques ou bien c’est inné chez eux? Est-ce qu’ils doivent penser à cette magie ou ils agitent une main et cela fait de quoi? Le surnaturel reste un vrai mystère. Même si j’ai vécu toute ma vie dans ce domaine, plusieurs questions restent sans réponses. Je ne veux pas devenir hunter, je veux tout simplement connaître les autres groupes avec qui nous vivons et cohabitons tous les jours.

Mon prénom se décroche de ses lèvres, mais ce qui me fait agiter ma tête négativement c’est bien le fait qu’il me remercie. Je n’ai rien fait pour lui. J’ai seulement jugé bon. J’ai seulement agi pour son bien à lui ne sachant rien de sa vie passée. C’est peut-être égoïste de ma part en pensant ainsi, mais je n’aime pas laisser un solitaire dans sa solitude. C’est triste vivre seule sans rien ni personne pour t’écouter ou te faire changer les idées. Je me suis immiscée de force dans sa vie. Est-ce qu’il voulait? Je ne sais pas. Est-ce que je lui ai donné la chance de rétorquer et de refuser ma compagnie? Disons qu’il n’a pas eu le choix d’accepter. Du fait, je lui ai montré ce que s’est mon monde et il m’a raconté quelques anecdotes rigolotes durant les années passées. Tout simplement. «Arf, j’ai seulement jugé bon d’être auprès de lui. Pas besoin.» fis-je en balançant ma main comme pour lui dire : «Yo, je n’ai pas rien fait d’exceptionnel.» Rien fait d’exceptionnel? Un bon jugement voilà tout. N’importe qui aurait fait la même chose que j’ai faite, j’ai pris les devants, c’est tout. Sauf si cela a plu à certain, tant mieux dans ce cas. Je me sens soulagée d’avoir pu être utile. Je regarde le cadavre présent sur le lit avant de porter mon attention vers lui. Qu’il se vide? C’est tout récent et il faut attendre quelques heures pour qu’il se rende à cette étape. D’ailleurs, je l’ai touché, oui il commence à être frais, mais la chaleur émane encore de ses pores de peau. Cela reste une question de temps, mais ce n’est jamais drastique. Je devrais peut-être faire sonner l’alarme pour avertir de sa mort, mais quelques choses me chicotent dans ses propos. Il veut des questions, il va être servi : «D’où connaissez-vous mon prénom? Et… Je ne vous ai pas dérangé en plein milieu d’un rituel  ou-je-ne-sais-pas-quoi? Ça fait quoi si jamais aucun Grim reaper ne vient «couper» le fil de l’âme?»

Suis-je un peu trop curieuse? Suis-je un peu trop imprudente? Après tout, je ne suis rien qu’un humaine qui ne sait plus ou moins rien envers les êtres qui dotent des pouvoirs. Dans mon cas, c’est normal pour moi de poser des questions comment cela fonctionne. Est-ce qu’un d’un mouvement de main et la magie s’opère? D’une pensée et voilà le tour est joué? On croque dans un fruit et la magie apparaisse d’elle-même indépendamment de leur possesseur? Puis, c’est tout de même la première fois que je vois une faucheuse de mes yeux. Habituellement discrète et cachée de tous. Je m’attendais aussi qu’elle soit entièrement costumée comme dans les plus belles clichées que le monde puisse détenir; tout vêtu de noir ayant la capuche sur la tête et l’énorme Faux. Bon, certaines personnes diront que je suis peut-être folle, mais je m’en fiche éperdument. Je veux comprendre pour mieux faire attention si je peux dire. Non, en réalité, c’est tout simplement la curiosité qui est toujours insatisfaite. Elle reste toujours sur sa faim quémandant toujours des informations pour la gaver, mais dans le fond non. Une famine qui ne s’atténue jamais. Nous sommes comme ça, nous, les êtres humains aussi différents soient-ils. Nous sommes comme ça en essayant ou pas de comprendre l’inconnu. D’autres ne font que voiler le visage prétextant que tout va bien et que ce sont de malheureuses catastrophes ou des morts naturels qui nous exterminent peu à peu. Alors que d’autres, tente de comprendre. Je fais partie des gens qui veulent comprendre, mais sans rien faire de plus. Je crois que je suis dans les rares cas qui veulent tout simplement s’instruire et tenter de faire copain-copain. Je ne cherche pas d’ennuis ni faire un quelconque conflit. Tout simplement s’instruire tout comme quand nous visitons un musée. On apprend forcément deux ou trois trucs lors de la visite.

C’est quelque peu dommage que la faucheuse devant moi ne puisse pas changer la forme de sa dague à sa guise. Donc, elles les choisissent et cela reste telle quelle? Ce n’est pas lassant à la longue? Je veux dire; toutes personnes méritent un peu de changement. Tout comme faire le ménage du printemps ou une situation semblable. C’est sûr qu’en remarquant sa main qui ouvre et qui se referme par habitude de l’objet, c’est tout à fait normal de rester avec l’arme qu’on préfère. Vous imaginez une mauvaise manipulation et il y a des dommages collatéraux partout dans la pièce? La mort peut certainement disparaître à un claquement de doigts, mais l’environnement endommagé disons que ça met le mot à l’oreille qu’il s’est passé quelque chose en allant cueillir l’âme n’est-ce pas? À nouveau, je me suis mise à rigoler à sa blague. J’imagine très mal en effet une énorme faux dans une petite chambre comme celle-ci. Le bordel que l’homme aurait pu faire avant que j’arrive dans cette pièce. Et qui sait, peut-être qu’avec le mouvement de la faux, j’aurais été blessée? Si c’est le cas, je ne veux pas du tout y penser. De plus, les armes blanches et tout ce qui rapportent à la violence ne m’ont jamais intéressé. Oui, par simple curiosité. Oui, parce que tu t’amuses avec tes pouvoirs sous les yeux, mais ce n’est tout simplement pas une conversation qui me fascine. «Absurde, en effet!» approuvais-je ses dires. Bon sang, le chaos qui aurait pu s’installer à tout moment. Je suis bien contente que le mec apprécie les couteaux plus discrets. Rendu-là, ce n’est pas question d’apparat, mais bien question de logique et de préférence.

Énormément de questions me taraudent l’esprit au fur et à mesure que je passe mon temps auprès d’un Grim reaper. C’est exaspérant venant de son cas, mais pour ma part c’est tout de même fascinant. J’aurais fait la même chose s’il avait été un loup, un métamorphe, sorcière, etc. Sauf que les informations à leur sujet sont davantage complètes contrairement aux cueilleurs d’âme, vous comprenez? Je pourrais continuer à poser encore et encore de manière sans fin avant que je tombe d’épuisement et déshydrater. Toutefois, une main, que cet homme lève, m’en empêche et mon raisonnement me ramène à la raison. Ne sois aussi stupide Min Seo. Parfois, je me disais qu’une chance d’une certaine manière que mon père ne soit pas là. Le nombre de fois qu’il me punirait pour avoir été justement trop imprudente. S’il savait qu’en ce moment, je n’ai pas peur. Certes, je n’ai pas confiance en lui car à tout moment il peut décider de mon sort, mais je reste que je ne suis pas effrayée. Je me méfis sans réellement me méfier, mais je reste néanmoins sur mes gardes au cas où les choses tourneraient mal ce qui me surprendrait totalement. C’est en regardant le défunt que je me suis dite que je n’aurais pas dû de le harceler et bombarder comme ça de questions alors que je suis en plein quart de travail et aussi qu’il a sûrement d’autres chats à fouetter. Certainement que je suis surprise qu’il me réponde. Depuis les plusieurs minutes que je suis avec lui, je m’attends à un haussement d’épaule et qu’il disparaisse. Non. Quand la faucheuse a répondu à ma première question je n’ai pas pu cacher ma joie bien longtemps vu qu’il me procure du bonheur seulement en acceptant de répondre. Comment dire… Je suis bien chanceuse d’avoir tombé sur une personne, énormément différente de moi, aussi compréhensive et qui coopère. Je me sens légèrement choyée. Je lui en remercie intérieurement pour ne pas perdre une seule miette de ce qu’il a à dire.

Aucun rituel comme il dit. Ce n’est pas logique alors que je l’ai vu faire un mouvement comme s’il coupait le fil. On coupe et il repart c’est tout? Je crois que c’est un peu plus compliqué que ça à expliquer puisque c’est inné chez lui. Comment montrer quelque chose à une personne mortelle? Je comprends désormais pourquoi il me connait mon prénom. Je l’ai réalisé quand il a pointé le cadavre. Il a revit les instants du défunt sans restriction. Revoir le film de sa vie dans le fond et j’en suis incluse. Voilà, le pourquoi qu’il semble légèrement familier à mon sujet même si on ne sait jamais connu réellement, c’est vrai que ça semble étrange, mais depuis quand ça ne l’est pas? De toute façon, je n’ai rien à cacher. Je n’ai rien fait que m’occuper du patient qui mourrait à petit feu sous mes yeux. «Rapidement comme ça, un peu, mais je comprends la situation désormais. » fis-je tout doucement. Je suis telle une éponge qui absorbe et qui assimile les informations. J’aime apprendre, j’aime comprendre pour mieux cerner et mieux aider éventuellement dans un avenir proche. Tout ce que je n’aimais pas c’est la violence et les espaces clos. Tout le reste ça ne me dérange pas. C’est sûr que s’il déballerait toutes les infos d’un seul trait sans que je prenne le temps digérer le tout, évidemment que je réagirais autrement. Je me sentirais agressée et frustrée de ne pas avoir compris le trois quart du contenu.

Je me croise les bras pour la suite. Pas du fait que je me renferme, mais du fait que je me frictionne les bras concernant le mot qui me donne froid dans le dos : nécromancien. Des sorcières ou enfin, des personnes qui aiment tout ce qui se rapporte à la mort. Et dire que la personne devant moi, je l’ai traité de nécrophile. En fait, tout ce que j’entends ça se rapporte davantage à des films d’horreur en rapport avec les fantômes. Donc cela existe réellement? J’y pense, est-ce que mon père est un fantôme actuellement ou son fil a été coupé? Il s’est fait tuer et du coup, la question prend de plus en plus ampleur dans ma tête. Peut-être que la faucheuse ne connaîtrait pas la réponse et que justement c’est une autre faucheuse qui l’a pris en charge. Cet homme me sourit, que je souris en retour. J’ai ouvert la bouche pour dire quelque chose, mais disons que le grim reaper a pris son téléphone. Du coup, j’avale mes mots. Je recule de quelques pas pour vouloir me retourner et m’occuper du corps. Toutefois une main se présente à moi que je la regarde un peu désolée de ne pas la serrer. Concernant hygiène et salubrité, ce n’est pas top puisque je ne sais pas ce qu’il a touché avant de venir ici et puis je travaille avec des patients qui sont fragiles côté santé. Je lui salue de la tête pour ne pas me faire passer pour une personne irrespectueuse envers lui. «Ne vous en faites pas ce n’est pas la première fois que vous me laissez un corps.» blaguais-je un peu en insinuant que ses autres visites n’ont pas passé inaperçu non plus contrairement à ce qu’il pense. «Évidemment, on se reverra!» Je lui présente la porte en étirant davantage mes lippes. On se reverra et peu importe les manières que je dois l’interpréter. Sois auprès d’un mort encore une fois ou bien à ma mort cela dit. D’ailleurs c’est un au revoir que d’un adieu, n’est-ce pas? Je clique sur un bouton pour faire sonner l’alarme pour avertir d’autres infirmières pour expliquer la situation et ainsi nous occuper de cette carcasse qui ne donne plus signe de vie.