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« Orphée, tu sais bien qu’on ne peut pas passer notre vie dans ces conditions » expliquait d’une voix douce Astrée alors qu’elle était en train de désinfecter les blessures sur le corps de sa jumelle. Encore une nuit où son double était vendu au plus offrant, l’un des fidèles du cabaret qui aimait voir les humaines écarter les jambes à 12 heures 20. Loin d’être un tendre, son plaisir était de maltraiter ses jolies petites proies, de les violer pour ensuite les laisser au sol, au milieu de la chambre comme de vulgaires déchets. Ce n’était pas la première fois qu’Orphée subissait ce traitement. Astrée était certaine d’une chose, Orphée ne survivrait pas à une prochaine fois. Elle avait toujours été la plus optimiste des deux, essayant toujours de trouver des petits bonheurs dans toute cette horreur. Il est vrai, elles étaient toujours ensemble, inséparables. Elles avaient de quoi manger même si ce n’est pas du grand luxe, des vêtements propres avec accès aux sanitaires, peu d’esclaves peuvent se vanter de ce genre de traitement. Quant à Astrée, le visage emblématique du paradis latin, elle se contentait simplement de se dénuder devant les clients, son corps et son âme appartenant à une seule personne, un dénommé Viktor, un vampire russe qui possède plusieurs établissements dont ce cabaret. Elle était sa propriété, le bas de son dos marqué d’un V au fer rouge, comme on marque du bétail. D’ordinaire il apprécie les humains plus dociles, mais avec Astrée les choses sont différentes, il s’est mis en tête de la briser pour lui faire perdre son bel en train. Il aime particulièrement lorsqu’elle vient à lui, à sa demande évidemment, les esclaves de pénètrent pas dans son appartement aussi facilement ; il se délecte de voir dans son regard le désir de se faire mordre, de se faire vider jusqu’à la limite de ses forces. Elle est accro, il le sait, elle le sait également même si elle ne s’en vantera jamais.

Elle se force, elle se fatigue à jouer de sa langue acérée, trouvant parfois toute cette combativité inutile. Fuir pour aller où ? Rejoindre les chasseurs ? Elle n’est pas une guerrière bien qu’elle connaisse quelques techniques d’auto-défense, elle ne fait pas le poids… Mais cela la tue de voir Orphée de plus en plus faible, d’assister à sa déchéance. Elle préfère recevoir mille torture plutôt que de voir sa jumelle souffrir une fois de plus. Alors une nuit, dans un délire de vengeance, elle s’est donnée complètement à lui, le laissant faire tout ce qu’il voulait d’elle, la souillant jusqu’au plus profond de son âme, le laissant mordre chaque parcelle de sa peau, et dans un moment de frénésie, elle attrapa le coupe papier pour lui planter en plein cœur, geste dont le résultat fut complètement stérile, geste stoppait en plein vol. c’est la première fois qu’il la regardait ainsi, avec autant de haine, d’animosité. Il allait la tuer, c’était certain, mais au lieu de ça, il s’en prit à sa sœur, sa principale faiblesse et l’envoya chez un ami à Séoul.

Des mois sont passés, des mois sans croiser Viktor, des mois à être surveillée par des larbins. Il suffisait d’un soir, d’une occasion. Changement d’identité grâce au petit serveur maghrébin, petit balluchon avec juste ce qu’elle possède, juste de l’argent pour s’acheter un billet, direction Séoul. Pure folie, escapade qu’elle va regrettée rapidement… car si paris est rongée jusqu’à l’os par toutes ces créatures, la capitale n’est qu’un pâle reflet de Séoul. Qui est l’ami de Viktor ? Où se trouve Orphée ? combien de temps cela va-t-il mettre avant que Viktor ne la retrouve ?