Après la dernière note de musique, je fixai quelques instants les regards tournés vers moi. Fier d'avoir réussi à toucher quelques consommateurs trahis par leur visage sali par des larmes. De toute façon, je ne chantais pas pour eux au final mais plus pour moi-même afin d'évacuer une peine que je n'arrivais pas à dépasser. Chanter me faisait du bien ceci dit, même si les paroles ne racontait pas mon histoire - après tout je ne faisais que des reprises. Bien sur, je m'étais laissé aller à essayer d'écrire quelque chose mais j'étais bien trop timide pour oser proposer une chanson que j'avais faite.
Une révérence sous les applaudissements et je quittais la scène du bar pour aller rejoindre le comptoir où m'attendait un verre offert par la maison. Même si je ne dansais pas, chanter avait tout de même quelque chose de sportif surtout après une journée de travail en plus des moyens de transport. Il me restait encore du trajet pour pouvoir rejoindre mon lit. Je me couchais souvent sans même avoir manger malgré les réprobations de mon poisson clown. Après avoir fini mon verre pour me désaltérer, je quittais donc le bâtiment pour le métro afin de rejoindre mon quartier. Dongdaemun était un arrondissement sympathique, je n'allai pas me plaindre d'avoir de quoi faire du shopping à proximité de mon appartement. Je n'avais pas déménagé après m'être retrouvé tout seul. Cet endroit était rempli de souvenir que je ne désirai pas oublier, il était donc hors de question de chercher ailleurs. De toute façon, je n'avais pas vraiment les moyens de louer la même chose. Si je pouvais encore habiter dans cet appartement c'était uniquement parce que le contrat de location avait établi avant la disparition de Menn. Tant que je payais le loyer, il n'y avait aucune raison de me mettre dehors. A la place je dépensais moins en nourriture pour moi - préférant m'offrir une nouvelle crème pour la peau. Un peu contradictoire pour quelqu'un qui devait faire des économies...
Enfin, j'avais bien environ une heure de transport et il serait presque 23h30 une fois chez moi. Dommage que les sirènes n'avaient pas le pouvoir de se téléporter, ça m'aurait bien arranger...

Ravalant un cri de rage et de frustration - pour ne pas réveiller mes voisins - je jetais mon sac à main contre la porte de l'appartement. J'avais tout renversé, mais impossible de mettre la main sur les clés. Qu'est ce que j'en avait fait ? L'idée de les avoir oublié au travail ou au bar n'étaient pas superflus mais il était tard, et pas vraiment la foi de faire la route. Un serrurier allait me coûter mes écailles mais j'avais peut être quelqu'un dans mes contacts qui s'y connaissait là dedans. Ezra était un humain intelligent alors peut être pouvait il me faire un tuto. Si il ne dormait pas...Il était presque minuit maintenant mais c'était sans hésitation que j'appuyais sur la touche du téléphone. A peine avait il décroché que je commençais mon histoire.

- Hello, désolé de te déranger Ezra mais...je suis coincé dehors j'ai perdu mes clés...est ce que tu saurai pas ouvrir une serrure ?

Je tentais de cacher la panique qui commençait à monter. Je n'avais pas envie de dormir dehors, en plus il faisait froid et même le fleuve n'était pas assez confortable. Ezra était mon unique sauveur, et je priais Poséidon de me venir en aide.

Mon coeur avait raté un battement au moment où Ezra avait avoué qu'il ne savait pas crocheter une serrure. En un millième de seconde des tas de scénarios étaient passés dans mon esprit ainsi que des question sur la nuit que j'allai passer, tout seul, dans le froid. Autant dire que je me sentais pas du tout bien debout sur le pallier devant la porte de mon appartement. Un millième de seconde ça pouvait paraître long dans un état aussi sensible, mais heureusement pour moi, Ezra avait une autre solution à me proposer : venir chez lui. Ce n'était pas comme si il m'avait laissé vraiment le choix étant donné qu'il avait déjà raccroché. J'avais donc fixé mon portable pendant quelques secondes, le temps que mon cerveau digère l'invitation et que le sms promis fasse vibrer mon téléphone. Ce n'était donc pas du pipeau..Je n'avais jamais été chez le présentateur, on ne savait jamais à qui on avait affaire réellement. L'idée qu'il veuille me cuisiner pour son petit déjeuner était passé aussi vite qu'un éclair dans ma tête. Non, Ezra était gentil et il avait plutôt eu pas mal d'occasion de me couper les écailles...

Vu que je n'avais pas envie de dormir dehors, le choix était assez limité. Je devais faire confiance à mon ami et aller chez lui. Ce n'était pas la porte d'à côté non plus mais vu l'heure tardive je n'allai pas le faire attendre plus longtemps. Je rangeais tout mon bazar dans mon sac à main, gardant bien en évidence ma bombe au poivre au cas où. J'avais mon chant de sirène pour me protéger mais vieux valait aussi se défendre comme un humain si nécessaire. Je quittais donc le bâtiment pour rejoindre la station de métro. D'après internet j'en avais pour une bonne demi-heure de trajet. Le pauvre, il allait passer une nuit courte à cause de mon oubli. J'espérais un peu qu'il ne m'en voudra pas de l'avoir réveiller. Enfin, si il m'avait invité, c'était qu'il n'était pas rancunier sur ce point là.

J'étais enfin arrivé dans le quartier de Hongdae et restait un peu bouche-bée devant l'adresse que Ezra m'avait donné. Je savais qu'il avait pas un salaire de misère mais là...J'étais curieux de savoir à quoi ça ressemblait à l'intérieur et le prévenais d'abord par texto que j'étais arrivé. Je tapais ensuite le code et entrais, la nervosité me gagnant lorsque je m'approchais de sa porte pour sonner. Je n'avais jamais dormi chez quelqu'un - même pas dans le coquillage d'un autre - et j'étais tout de même assez stressé pour cette première fois. En plus je n'avais pas d'affaire de rechange ni mes produits de beautés. Avec le bar, je devais sentir la clope et l'alcool. Je rêvais d'un bon bain moussant...

- Salut...encore désolé pour le dérangement...

M'exclamais je lorsque la tête d'Ezra était apparu dans mon champ de vision. Je tentais un sourire pour cacher mon stress mais mes mains étaient tellement moites que j'étais obligé de les essuyer sur mon pantalon.

On n’avait manifestement pas la même définition du mot humble, vu à quoi le loft de l’intérieur. A moins que c’était de l’ironie ? Peut-être que c’était ça, les humains adoraient l’utiliser. Ezra me proposait de me faire visiter directement la chambre et la salle de bain. Le reste pouvait affectivement attendre demain, et le présentateur n’était pas la seule personne fatiguée dans la pièce. Je suivais donc tranquillement mon hôte tout en regardant avec curiosité l’espace autour de moi. Les grandes baies vitrées du salon devaient donner une magnifique vue et si j’avais ça chez moi nul doute que je pourrais rester assis devant pendant des heures à rien faire, sinon contempler la scène qui me faisait face.

- Ne t’en fais pas, ça me va parfaitement

Ce n’était pas comme si je dormais sur un matelas en plume de canard. Et puis rien n’était plus confortable que l’intérieur d’un coquillage. Bon allez expliquer ça à quelqu’un d’autre qu’une sirène n’était pas vraiment dans mes objectifs. Mais un lit était un lit de toute façon. C’était toujours mieux que le bitume ou les bas-fonds de la rivière.

- Non c’est bon, j’ai bu un verre avant de quitter le travail

En vérité je buvais beaucoup, je me déshydratais rapidement étant donné que ma peau était habitué à vivre dans l’eau. J’adorais d’ailleurs l’eau salée, mais je me souvenais encore de la tête du serveur la première que j’avais commandé ça. Depuis j’en consommais uniquement que chez moi, rajouter du sel dans de l’eau n’était pas vraiment quelque chose de cher. Et puis Ezra avait l’air tellement épuisé que je ne voulais pas le retarder plus longtemps. Il avait effectivement l’air de s’écrouler dans la seconde.

- Ya ! Tu dis des bêtises va te coucher !

Ordonnais-je les joues rouges tout en le poussant vers la sortie de la chambre. Je n’avais jamais dormi avec personne, ce n’était pas ce soir que ça allait commencer. Chacun avait son lit c’était parfait, pas besoin de s’entasser comme des moutons. J’avais déjà un lit et non un canapé, je n’allai pas me plaindre.

- Allez bonne nuit

Rajoutais-je avec un mini-sourire avant de fermer la porte. Je n’avais malheureusement pas de pyjama avec moi mais il n’y avait pas de risque qu’Ezra vienne me réveiller à moins d’y avoir un problème. Un peu rassuré, je me déshabillais,  pliant soigneusement mes vêtements pour les poser au bord du lit. Je me glissais sous les draps – j’avais tout de même gardé mon sous-vêtement – et la fatigue me rattrapais très vite, pour me plonger directement dans les bras de Morphée.

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque  j’avais ouvert les yeux. Quelques secondes étaient passées pour que je me souvienne pourquoi j’étais dans cette chambre. Est-ce que Ezra était réveillé ? Je n’entendais en tous les cas aucun bruit venant de l’extérieur de chambre. Je me levais et prenait ma chemise pour l’enfiler avant de sortir pour rejoindre la cuisine. Il n’y avait aucune trace du présentateur. Dormait-il encore ? Ou était-il sorti ? Je haussais les épaules me servant un grand verre d’eau avant de le boire cul sec. Aigo, ça faisait trop du bien. J’avais vu la baignoire dans la salle de bain et je n’étais pas vraiment raisonnable quand il s’agissait de baignoire. De toute façon, je n’avais pas d’autres choses à faire et il serait malpoli de partir sans dire au revoir et remercier convenablement Ezra. D’autant plus qu’il voulait me poser des questions, de ce qu’il avait dit quand j’étais arrivé ici. Etant en accord avec moi-même j’allai donc dans la salle de bain pour faire couler l’eau dans la baignoire. Il y avait même du savon que je versais dedans.  Une fois prêt, je retirai ce que j’avais sur moi pour aller dans la baignoire. Le contact avec l’eau m’avait rendu ma queue de poisson et mes jolies écailles roses et blanches. Un bain, ça faisait tellement du bien. Cette baignoire était parfaite : j’étais très bien allongé et je n’avais aucune gêne pour bouger mes bras. Je pourrais y rester pendant une journée.

Allongé dans mon bain moussant, prêt à me rendormir, j'étais loin de me douter que dans la minute qui allait suivre j'allai avoir un invité surprise. Je pensais que les humains apprenait le mot "intimité" dès leurs naissances, mais ce n'était manifestement pas le cas. En tout les cas, pas chez Ezra. Ce dernier venait en effet de rentrer dans la salle de bain - comme si c'était normal. Il m'avait fait sursauter, faisant éclabousser l'eau et mettre de la mousse partout sur le sol.

- Ya ! On t'a pas appris à frapper avant d'entrer ???

M'écriais je sur le coup de la surprise avant qu'il ne me demande si je voulais prendre un petit déjeuner. Il ne semblait pas avoir remarquer la queue de poisson qui dépassait de la baignoire, ou peut être feindre. Pensées qui étaient rapidement balayées lorsque mon ami s'était mis à la complimenter avec une blague - surement - en prime que je n'avais pas compris. Mais pris en flagrant délit, mes joues étaient devenues rouges et je guettais la moindre réaction suspecte d'Ezra. Je le fixai des yeux et mise à part de la curiosité je ne voyais pas de dégoût ni de peur. C'était comme si c'était banal pour lui de voir une sirène dans sa baignoire. L'idée que je ne sois pas le premier triton m’attristait un peu pour une raison que j'ignorais. Au moins ceci dit, il ne s'était pas enfui en courant ou n'avait pas appeler la police. Vu que je devais bien me sécher pour retrouver des jambes humaines, je n'aurai pas eu le temps de fuir.

- Tu...tu n'a pas peur de moi ?

Je ne répondais pas à sa question, celle sur le petit déjeuner pouvait bien attendre. On nous racontait des histoires depuis tout petit sur la méchanceté humaine, une haine et une chasse qui avait débuté il y avait des siècles et des siècles. Si aujourd'hui on était massacré à coup d'armes à feu, avant c'était avec des lances. J'espérais vraiment que Ezra n'était pas un chasseur et que je ne m'étais pas fait manipuler encore une fois. Je revoyais encore mon frère se faire tirer dessus et si je n'avais pas utilisé mon pouvoir, j'aurai subi le même sort.

- Est ce que tu va me tuer ?

Demandais je les yeux brillants de larmes. Je préférerais qu'il me dise honnêtement ce qu'il comptait faire de moi plutôt que de me mentir en jouant les bons hôtes.

Lorsque Ezra s'était rapproché, j'avais reculé de mon coté mais je fus rapidement coincé par l'autre côté de la baignoire. Si vraiment il se montrait dangereux je pouvais toujours l'enchanter avec mon pouvoir mais ça ne me plairait pas vraiment de le faire. Je voulais vraiment croire que Ezra était un humain lambda - qui avait déjà vu des sirènes - et qu'il ne comptait pas m'épiler les écailles. Mon ami tentait de me rassurer à sa façon - avec un humour encore douteux. Pendant une seconde je m'étais imaginé épinglé sur le mur de son salon, une légère grimace de dégoût avait déformé mes lèvres. C'était comme les poissons empaillés dans certains restaurant, rien qu'à les voir j'avais envie de vomir. Les humains étaient vraiment des êtres sadiques. Est ce que ça leur plairait qu'on leur fasse la même chose ?

- Si je ne vais pas avec la déco, alors tout va bien

Même si Ezra avait réussi à me rassurer un peu, j'étais quand même toujours méfiant. La tactique de faire baisser la garde de sa proie était assez connu. Je voulais quand même qu'il continue de m'apprendre l'anglais. J'aimais bien cette langue, elle était jolie et puis ça me permettait de consulter des sites américains pour commander des bijoux pas chères à la folie américaine.

- Oh...merman...

Répétais je d'une voix songeuse. Ca me plaisait bien le nom anglais. C'était à mon tour d'apprendre quelque chose à mon professeur particuliers.

- En coréen on dit namja in-eo

Expliquais je avec un petit sourire, je n'avais rien avec moi pour lui montrer comment ça s'écrivait. Cela dit, je ne voyais pas en quelle occasion il pourrait dire ce mot. A moins de dire à ses collègues qu'il avait un triton dans sa baignoire.
Ezra était ensuite revenu à la charge avec son thé, me faisant doucement lever les yeux au ciel.

- Si tu veux tout savoir j'adore l'eau salée, et de votre monde le lait chocolaté

Avouais je, en me demandant si mon ami avait cette dernière boisson quelque part. Surement que non. En tout les cas, j'étais pas trop feuille de thé. Mais pour prendre un petit déjeuner il fallait aller dans la cuisine, et pour cela me sécher. Car je n'avais pas vraiment envie de finir en poisson séché sur la chaise. Je me hissais donc sur le bord de la baignoire - je l'adorais d'avoir des bordures larges - et attrapais une serviette que j'avais rapproché en prévision.

- J'en ai pour quelques minutes à être tout secs, je te rejoins ?

Demandais je avant de commencer à me sécher les cheveux. C'était le plus long à faire, car ma peau et ma queue absorbait l'eau et séchait tous seul. Bien évidemment, c'était plus rapide en passant une serviette dessus mais il fallait être doux en la passant sur mes écailles. Ces dernières étaient représentatifs de beaucoup de choses sur les sirènes, notamment leur état de santé. Si celle-ci allait parfaitement bien et était heureuse, alors sa queue de poisson était toute brillante. Comme des bijoux qu'on avait bien astiqué. Comme ça n'allait pas vraiment fort de mon côté - pas que j'étais malade mais le moral rentrait aussi en ligne de compte - mes écailles n'étaient pas très belles.

La proposition me paraissait très alléchantes, mon regard s'était mis à pétiller de gourmandise. Chocolat chaud, marshmallows et crème fouettée. Cette recette ne pouvait qu'être bonne avec ces trois ingrédients et il me tardait d'y goûter. Quel dommage que je ne sois pas comme les humains dans ces moments là. Une paire de jambe n'importe quand...Maintenant je devais attendre d'être sec et c'était frustrant un peu.

- Je laisse faire le cuisinier

J'étais de toute manière nul en cuisine. Je n'avais d'ailleurs jamais allumé la cuisinière, ayant peur de faire exploser l'appartement. Et puis ces flammes bleues, ça faisait un peu peur. Soit béni l'inventeur du micro-onde. La chaleur était bien mieux derrière cette vitre, coincé dans cette boîte.
Erza m'avait donc laissé dans la salle de bain pour me sécher pendant qu'il allait préparer le petit déjeuner. Non sans avoir émis sa frustration concernant l'absence de chocolat spéciaux. Je connaissais pas d'ailleurs ces deux produits spécifiques. Je m'activais donc à me sécher convenablement jusqu'à retrouver mes deux jambes et tout le reste. J'attrapais ensuite mes vêtements non sans réticence en me rappelant qu'ils sentaient mauvais. Mon regard tomba alors sur la porte où était accroché un peignoir. Par-fait. Erza m'en voudrais surement pas de lui emprunter vu qu'il m'avait invité à dormir chez lui. J'enfilais donc le vêtement et ramassait mes affaires pour les plier et les poser sur le lit. Je n'avais plus qu'à rejoindre mon ami dans la cuisine, mes pieds nus descendant les marches des escaliers.

- Omo ! Ca a l'air trop bon !

M'écriais je avant de percuter qu'il venait de dire qu'il avait une fille. Où était elle alors ? Oh, c'était vrai que les humains quittaient le nid à un moment donné. Mais ça voulait dire que Erza avait une femme - que je n'avais pas croisé d'ailleurs. L'idée que mon ami soit marié ne me plaisait pas beaucoup mais je ne savais pas pourquoi je ressentais ça. Elle était surement très gentille.

- J'ignorais que tu avais une famille. Elle est où ?

Il fallait dire que je n'avais jamais interrogé Erza sur sa vie privée. Après tout je n'aimais pas qu'on s'interroge sur la mienne.

- Non, elle est parfaite

J'avais répondu avec un petit sourire tout en fixant le super chocolat chaud que mon ami m'avait fait. Mais mon appétit m'avait soudainement quitté en apprenant qu'il n'était pas seul.

Heureusement que je n'avais pas tenu la tasse car sinon elle serait surement tombé en entendant la réponse d'Ezra concernant sa famille. Je m'étais attendu à presque tout sauf à cette affreuse nouvelle. Six ans...La manière dont il en parlait été tellement déconnecté que j'en étais un peu envieux. Bien sur ça ne pouvait qu'être une façade et il réussissait surement à cacher ses émotions mieux que moi en parlant de la disparition de ses proches. Ou peut être avait il simplement réussi, comme le dise les humains, à faire son deuil. Ce qui était pas mon cas. Mes frères me manquait, surtout celui dont j'étais le plus proche. Vivre dans l'appartement où l'on résidait tout les deux n'aidait pas non plus sans doute à tourner la page.

- Désolé, je savais pas...

L'information me faisait de la peine et en même temps un léger soulagement qui me faisait demander si je n'avais pas virer psychopathe. C'était affreux d'être heureux que quelqu'un soit mort - sauf si la dite personne avait tenté de me tuer. Mais vu que je ne connaissais pas sa femme ni sa fille.
J'étais donc tout aussi soulagé de changer de sujet. Un sujet qui me plaisait plus : la baignoire. Ezra n'avait pas à s'inquiéter concernant la salle de bain, elle était parfaite. Déjà un peu plus grande que celle que j'avais à l'appartement. Il fallait dire qu'à côté, la maison du présentateur c'était un palace.

- Oh non tu n'avais pas besoin de faire ça pour moi

Ce n'était pas comme si j'allai venir tous les soirs l'embêter pour un oubli de clé. Peut être que je pourrais lui donner un double au cas où ? Comme ça, j'aurai juste à le récupérer plutôt que de passer la nuit et le déranger.

- Quoi ? Non pas du tout ! Ca à l'air super bon !

Comme pour lui prouver qu'il avait tort je mettais le bout de la paille dans ma bouche avant d'aspirer légèrement. Un sourire venait éclairer mon visage en même temps que mes yeux pétillaient tellement c'était bon.

- En plus d'avoir une superbe baignoire, tu sais aussi faire des supers chocolats chauds ! Tu as des défauts ?

Demandais je avant de reprendre une nouvelle gorgée de ce divin breuvage. C'était vraiment délicieux. Je ne cuisinait jamais alors c'était dommage de ne pas avoir un Ezra sous la main tous les matins pour me préparer ce chocolat chaud.

- Non pas que je sache...je m'y connais pas trop dans ce domaine, je met tout ensemble

Est ce qu'il m'était déjà arriver de récupérer une chemise à l'origine blanche devenue rose ? oui. Parce que j'oubliais quasiment à chaque fois de mettre le fameux absorbant des couleurs.

- En parlant de vêtement, ton peignoir est super doux et il sent bon

Rajoutais je en pointant du doigt le vêtement dans lequel j'étais bien emmitouflé. Ezra étant plus grand que moi, il m'arrivait en dessous des genoux.

Passé ce petit déjeuner avec Ezra m'avait permis de connaître plus de choses sur mon ami. Même si on passait du temps ensemble vu qu'il m'apprenait l'anglais ce n'était pas la même chose que de se retrouver autour d'une table à siroter un chocolat chaud. Je ne lui avais jamais vu de défaut, c'était même un humain très intelligent et pour moi, ce qu'il venait d'énumérer ne faisait pas vraiment partie de' ce qu'on appelait "défaut". Ca pouvait faire défaut de ne pas savoir suivre une recette - j'en savais quelque chose. J'avais bien noté aussi qu'il était passionné de thé. Peut être que pour le remercier je pourrais lui offrir un assortiment de thé...Par contre je n'étais pas d'accord : les produits cosmétiques ne se ressemblaient pas du tout. Il n'y avait qu'à voir ma salle de bain, il y en avait pleins. Un peu trop surement pour un homme qui passerait par là.

- Je sais pas faire la cuisine non plus et j'ai jamais essayé de mettre un nœud papillon. Je peux te conseiller en produits de beauté par contre. Qu'est ce que tu entends par impulsif ? Tu te bats ?

Je ne m'imaginais pas Ezra se battre contre quelqu'un mais après tout je ne le connaissais pas à 100%. C'était peut être une face cachée de sa personnalité. J'espérais que non car je n'avais pas envie que le présentateur se retrouve blessé ou même pire. J'appréciais beaucoup cet humain et je n'avais pas le coeur de perdre à nouveau quelqu'un. Il était tellement gentil avec moi, qu'il me proposait même de laver mes vêtements. M'imaginer avec les siens deux fois trop grand sur moi était assez drôle mais je pouvais aussi attendre que tout soit sec. Ce n'était pas grave non plus si ce n'était pas repassé.

- Je peux attendre je ne vais pas non plus t'emprunter des vêtements...

Avais-je réussi à souffler, malgré notre distance proche. Ezra s'était rapproché et cette proximité m'avait légèrement fait rosir et frémir les écailles. Mais ça devait être le bon chocolat chaud.

- Oh oui pourquoi pas...mais je ne mange pas de viande ni de poissons

Inutile de lui expliquer pourquoi, je n'allai pas dévorer mes amis aquatiques.

- De la gelée à la menthe ? C'est quoi de la gelée ?

Il fallait peut être mieux commencer par le début. Je n'étais pas du tout à la mode des mets anglais et était donc intrigué par ce que venait de me dire Ezra.

Grâce aux explications je comprenais maintenant ce qu'il avait voulait dire "être impulsif". J'étais comme ça aussi avant, bien loin de me douter que mon manque de réserve allait me causer des problèmes mais aussi la perte de ma famille. Je faisais plus attention maintenant à mes actes et à mes propos. Bien que j'avais toujours mes propres expressions qui dépassaient mes pensées. Je connaissais aussi très bien l'impulsivité dans un magasin. Combien de fois je m'étais promis de ne plus acheter de vêtements, de produits de beautés ou tout autre alimentation avec de la fraise ? Il suffisait que le supermarché mette en gondole par exemple des yaourts à la fraise pour que je saute sur un paquet. Alors que mon frigo était déjà bien remplis...

- Haha, je comprend j'ai aussi le même soucis avec les fraises...

Avouais je avec un petit rire gêné. Apparemment mon ami, lui, ne pouvait pas résister aux cerises. Je le notais quelque part dans ma tête pour le lui en offrir afin de le remercier de m'avoir héberger. Il y avait aussi le fait qu'il allait laver mes vêtements. C'était vraiment très sympathique de sa part et je me demandais si il offrait ce service à tous ses invités...Ezra était un être beaucoup plus social que moi, j'avais du mal à ouvrir la porte de mon appartement de toute façon. Et chaque personne qui m'approchait pouvait être à mes yeux un potentiel chasseur.

- D'accord je vais regarder...

Je m'emparais des dépliants que le présentateur m'avait donné. Qu'est ce que j'allai bien pouvoir manger ? Tout avait l'air tellement bon que ça allait être dur de faire un choix...Je n'étais pas vraiment doué pour décider face à une liste alimentaire...Peut être que Ezra pouvait me conseiller vu qu'il avait l'air de connaitre bien ces restaurants. Le voilà justement qui revenais, me demandant si j'avais choisis. Je pouvais même opter pour un plat cher, mais je n'allait tout de même pas abuser de mon ami. Il m'avait déjà offert un toit pour cette nuit, je n'allai pas non plus le dépouiller. J'acceptais donc de l'aider à faire la vaisselle.

- Je n'ai pas vraiment d'amis non plus...Du moins qui soit sur terre.

Rajoutais je en songeant à la mer et à ses habitants. J'arrivais plus facilement à me lier avec les créatures marines qu'avec un être humain dû surement au fait que j'étais un triton. Et qu'en plus je pouvais leur parler. Je n'étais pas le seul dans l'océan à en être capable mais c'était une faculté tout de même peu courante. Pearl par exemple, ne parlait qu'avec les gros poissons comme les baleines ou les requins. Bref, je revenais sur mon dépliant, le parcourant une nouvelle fois des yeux.

- Je ne sais pas vraiment quoi choisir...J'aimerai bien manger des algues...est ce qu'il y a un plat qui en propose ?

Ca pouvait paraître étrange comme demande, mais pas pour un triton. Et vu que Ezra connaissait ma nature je n'allai pas cacher ma vraie nourriture. Je savais qu'il y avait des mets avec une feuille d'algue mais c'était plus qu'une feuille que je voulais manger.

La proximité d'Erza derrière moi me rendait timide. Je sentais mes joues me chauffer, heureusement qu'il ne pouvait pas voir actuellement mon visage. Il était juste venu si proche pour m'expliquer les plats je ne savais pas pourquoi je réagissais de cette manière. J'essayais donc de me concentrer sur la carte et ses paroles. Les deux plats dont il me parlait me donnait l'eau à la bouche et je ne savais pas trop lequel prendre. Après je pouvais aussi choisir les deux vu que mon ami m'avait dit de ne pas faire attention aux dépenses. Je pouvais bien me montrer gourmand pour une fois, surtout quand c'était gratuit. J'entendais Ezra commander sa nourriture et écarquillais les yeux au fur et à mesure. Aigo, il allait vraiment manger tout ça ? Il était pourtant si mince que je pensais qu'il était le genre d'humain à ne manger que des choses saines comme des fruits et des légumes. Bien évidemment, le mot "fraise" n'avait pas échappé à mes oreilles. Ce fruit était vraiment le paradis.

- Je vais prendre les deux plats que tu m'a dis

Annonçais je en réponse à son regard. J'avais vraiment hâte de déguster ces plats et peut être que le présentateur me laisserait goûter aux fraises façon tanghulu. Je n'en avais jamais mangé mais le nom sonnait bien.

- Oh d'accord !

Je suivais Erza sur la terrasse, ravie en effet de profiter du soleil. Si le monde était moins dangereux je serai surement le genre de triton à paresser sur un rocher mais malheureusement il pouvait y avoir un ennemi derrière chaque vague. Le mobilier était bien sympathique et avait l'air douillet. Je prenais donc place sur l'un des poufs, le faux gazon me chatouillant les pieds au passage. Une fois tous les deux bien installés, Ezra s'était mis à me poser une myriade de questions. C'était mignon, et je cachais un sourire derrière la paume de ma main.

- Tu es vraiment très curieux...est ce que ce n'est pas un vilain défaut chez vous ?

Le taquinais je avec un léger sourire.

- Je ne me suis pas fait chasser rassure toi, c'est en fait une sorte de passage obligatoire. Comme les bébés oiseaux qui sont forcés de quitter leur nid pour apprendre à voler...Pour nous c'est un peu la même chose. On nous envoie vivre sur terre et on peut revenir dans l'océan quand on veut si on ne se plait pas parmi les humains...

Il n'y avait bien évidemment pas de télévision mais je supposais que c'était le côté  impulsif de Ezra qui était ressorti pour poser cette question idiote. Je choisissais donc de passer outre ce passage.

- Je n'ai jamais mis une seule nageoire dans les abysses car on ne sait pas ce qu'il peut y avoir comme créature. C'est aussi un peu la menace que l'on dit aux enfants qui ne sont pas sages, qu'ils seront jetés dans les abysses

Personnellement l'envie de savoir ce qu'il y avait dans les profondeurs de l'océan ne m'avait jamais attiré. Je n'étais pas un triton aventurier. La preuve, après ma venue sur terre j'étais aller directement rejoindre mon frère plutôt que de vivre ma propre expérience de mon côté. Peut être que si je l'avais fait, il serait encore vivant...

- Des crimes non résolus..? Tu veux parler des humains qui ont voulu nous embrocher pendant des siècles et des siècles ?

Tout sourire avait quitté mon visage pour un air plus triste et plus sombre.Je n'accusais pas mon ami pour la faute des autres. Sa question était juste indélicate et j'étais un peu blessé par celle-ci.

Ma réaction était peut être un peu exagéré. Ezra n'avait rien à voir avec ces tueries, il n'était même pas né quand tout avait commencé. A l'époque où les Hommes lançaient des objets en bois pointus et puis s'étaient développés pour passer à la poudre à canon. Je n'y étais pas non plus mais on nous enseignait dès l'enfance l'histoire de notre race et sans oublier bien entendu la guerre qui avait eu lieu avec les succubes et les harpies. Rien que de penser à ces créatures démoniaques j'en avais des frissons.

- Tu ne pouvais pas savoir...

Après tout, dans La Petite Sirène, il n'y avait pas ce genre de choses. La grosse méchante c'était la pieuvre alors qu'en réalité les pieuvres étaient très gentilles. C'étaient elles qui nous approvisionnaient en encre, la seule qui tenait dans l'eau.
Comme si il était à retardement, Ezra était revenu sur mes propos, s'étonnant ainsi dessus, notamment sur le terme "embrocher". C'était pourtant bien ce qui s'était passé à une époque. Il ne comprenait pas pourquoi on s'en prenait à mes camarades et je me rendais compte, qu'il ne savait au final pas grand chose sur les sirènes. Disney aussi d'ailleurs, sauf sur la voix. Toutes les sirènes chantaient magnifiquement bien.

- Pour nos écailles...C'est un peu comme...les hommes qui cherchent les perles dans les huîtres...Il y a d'ailleurs aussi certains de mes congénères qui produisent perles d'une belle qualité avec leur larme...

Heureusement ce n'était pas mon cas. Je communiquais avec les créatures aquatiques c'étaient déjà bien. Après il y avait surement des expériences scientifiques sur nous. Après tout nous étions des créatures surnaturelles, un mythe dans le monde des humains. Peut être désirait il savoir comment on faisait pour respirer sous l'eau, avoir des jambes et d'autres choses.

- Cette longue cruauté a créer de la rancœur chez certaines sirènes et elles se servent de leurs pouvoirs pour les tuer...

Ajoutais je en songeant que ça aurait pu aussi être mon cas lorsque le chasseur avait tué mes frères. Mais je n'avais pas le coeur assez noir pour ça. Je savais aussi que tous les humains n'étaient pas mauvais. La preuve avec Ezra qui n'avait pas cherché à me nuire en apprenant ma véritable nature.

- Si j'étais comme elles, je pourrais t'envoûter et te faire sauter de ton balcon...Mais je t'apprécie trop pour ça...

Terminais je à voix basse, plus pour moi-même que pour le présentateur. C'était un bon ami et je pouvais compter sur lui, même quand je perdais mes clés. Maintenant il savait pourquoi j'étais pourchassé par les humains et je tenais pas à renouveler l'expérience.  

- Hum...le repas arrive bientôt ? Je commence à avoir faim...

Réclamais je en sentant mon estomac presque vide. Je n'avais rien avalé mise à part la délicieuse boisson que Ezra m'avait préparé.

Peu d'humains étaient au courant que certaines sirènes pouvaient créer des perles à cause de leur larmes. Heureusement d'ailleurs, sinon ils mettraient encore plus d'ardeur à vouloir notre peau. Déjà que parler aux poissons étaient en soi aussi quelque chose de fantastiques pour les humains à mon avis. Je ne savais pas si je devais avouer ce don à Ezra ou pas. Il avait plutôt bien pris le fait que j'étais un triton mais peut être est ce que je devrais attendre un peu...La matinée était déjà bien assez riche en histoire sur mon peuple. Mon ami faisait même des blagues sur les fugus. Les pauvres seraient vexés si ils entendaient ça.

- Tu ne devrai pas te moquer d'eux, tu sais qu'ils sont toxiques ? Mais je dois avouer que leur faire peur était l'un de mes jeux préférés quand j'étais un jeune triton

Je revoyais ces parties de cache-cache où un simple "bouh" suffisait à leur faire avaler de l'eau. Ils devenaient alors aussi gonflé qu'un ballon et c'était très drôle. Mais je n'étais plus jeune et n'avait plus vraiment le coeur à faire ce genre de choses.
Il n'y avait pas que les fugus qui étaient dangereux mais nous aussi. Avec notre pouvoir nous pouvions envouter n'importe qui et mettre fin à ses jours. Bien qu'en réalité je ne m'en étais servi qu'une seule fois, pour tuer le chasseur. Même si il le méritait, je n'étais pas fier de moi. En tout les cas, Ezra n'était nullement effrayé par ça, et j'étais un peu gêné qu'il ait entendu que je l'appréciais. Je devais arrêter de songer à voix haute.

- Non c'est avec notre voix, nous ne sommes pas des fées

Lui expliquais je avec un petit sourire. Je ne voyais pas comment on aurait pu produire cette poudre, à moins que cela soit un résidus de nos écailles.  

En attendant je commençais à voir faim et demandait à mon ami si la livraison allait bientôt arriver. Timing parfait, car l'interphone venait de sonner. J'avais hâte de déguster les plats suggérer par Ezra. Il fallait avouer que ça m'avait déjà donné l'eau à la bouche tout à l'heure. Je suivais donc le présentateur à l'intérieur qui allait récupérer les sacs. Les différents mets étaient ensuite disposés sur la table. Je regardais avec envie les fameuses fraises mais j'avais déjà mon bo-bun et mon pâté de la mer à dévorer.

- Tu va vraiment manger tout ça ? Tu es si fin, je ne sais pas comment tu fais...Les humains se plaignent souvent de grossir parce qu'ils ont trop mangé. Ce n'est pas ton cas ?

De mon côté je ne devais pas trop manger sinon j'allai être malade. Nous n'avions pas entièrement le même métabolisme que les humains alors la digestion était parfois compliqué. J'avais souvent eu des maux de ventre et de la fièvre à mon arrivée sur terre. Alors que j'allai prendre place sur une chaise, mon portable s'était mis à sonner. Qui pouvait bien m'appeler à midi ? Le nom du propriétaire de mon appartement s'affichait sur l'écran et je me demandais bien ce qu'il me voulait.

- Je reviens

Lançais je à Ezra avant de m'éclipser sur le balcon pour décrocher. C'était souvent pour me rappeler que je n'avais pas payé le loyer qu'il m'appelait alors ça devait surement être ça.

- Allo ?

- Allo Monsieur Mun ? C'est Monsieur Pil...vous êtes chez vous ?

- Euh...non je suis chez un ami mais je peux...

- Je suis désolé Monsieur Mun mais vous aller devoir quitter votre appartement. Vous avez deux loyers d'impayés en plus du que vous payer toujours en retard depuis que...et bien depuis que vous occupez seul l'appartement. Je vous laisse jusqu'à demain midi pour venir chercher vos affaires sinon je m'en débarrasserai.

- Quoi ? Attendez vous ne pouvez pas faire ça !

- Bien sur que si Monsieur Mun, et je vais m'en faire un plaisir. Bonne journée.

Le bip sonore résonnait dans mon oreille, avant que lentement elle ne la quitte. Mes bras m'en tombaient, au sens propre comme au figuré. Comment est ce que ce sale humain pouvait me virer de chez moi ainsi ? J'avais échapper une nuit aux eux du fleuve mais visiblement c'était mon destin. Ou peut être celui de retourner parmi les miens...Je devais retourner vite là bas pour récupérer mon poisson clown mais mes affaires étaient encore en train d'être lavé. J'étais complètement dépassé et finissais par m'asseoir sur l'un des poufs. Je devais réfléchir calmement à la situation. Je n'avais pas les moyens pour payer deux loyers d'un coup ni ceux d'avances pour réparer mes fautes. Ca me faisait mal d'être ainsi viré d'un endroit qui était rempli de souvenirs et d'odeurs. C'était un peu comme si j'avais laissé tomber mon frère, et c'était douloureux.

J'étais étonné par tout ce que le présentateur pouvait avaler. Est ce que c'était de la pure gourmandise ou bien avait il un trou à la place de l'estomac ? Ceci dit, je ne prenais pas de poids non plus malgré toutes la bonne nourriture que je mangeais. De mon côté c'était effectivement de la pure gourmandise et rien d'autres. Je pouvais aussi manger un saladier entier de fraises tellement j'adorais ça - avec un peu de sucre pour que ça soit encore meilleure. Parfois je rajoutais aussi de la chantilly mais je n'en avais pas souvent dans mon frigo. Apparemment, Ezra faisait pas mal de marches pour éliminer et le cerveau faisait aussi ça. J'étais pas au courant que réfléchir faisait maigrir. Par contre, je restais quelque peu interrogateur sur la partie "sport de chambre". N'ayant jamais eu de relation, j'ignorais ce que cette image symbolisait et je pensais naïvement qu'il faisait du sport dans sa chambre comme des pompes ou autres. Du coup, je ne voyais pas le rapport avec sa femme disparue...Peut être que à deux c'était plus encourageant ?

- Pourquoi tu as arrêté le sport de chambre ?

C'était une vraie question, et mon air sérieux le démontrait parfaitement. Je ne plaisantais pas du tout sur cette ignorance.

Notre conversation fut coupé par la sonnerie de mon téléphone. Le nom du propriétaire de mon appartement s'était affiché sur l'écran, ce qui n'annonçait rien de bon. J'étais sorti sur le balcon pour apprendre que ce taré allait me mettre à la porte. J'étais complètement déboussolé par cette atroce nouvelle, ne sachant pas quoi faire par la suite. Perdu dans mes pensées, j'avais complètement oublié mon ami qui avait fini par me retrouver sur le balcon. Evidemment, il était tellement attentionné envers moi que je pouvais lui expliquer ce qui se passait. Mais mes problèmes étaient uniquement les miens. Et puis je ne voyais pas comment il pourrait m'aider, car je refusais qu'il paie mes loyers.

- Ca ne sert à rien que je retrouve mes clés...

Soufflais je, pas du tout bon public actuellement pour rigoler aux blagues du présentateur. Je savais qu'il avait fait ça pour détendre l'atmosphère mais la situation n'était pas très drôle.

- Est ce que tu aurais des vêtements à me prêter...? Je dois vite retourner à l'appartement...

Expliquais je, en pensant que je n'aurai qu'à demander au propriétaire le double des clés pour pouvoir récupérer mes affaires. J'allai surement flotter dans les affaires d'Erza vu qu'il était plus grand que moi mais ça n'avait pas vraiment d'importance. Il restait toutefois un hic : je n'avais pas de valise.

- Et une valise, tu aurais...?

J'espérais qu'il n'allait pas poser de questions car je me retenais de pleurer en pensant que j'allai devoir vivre sous le pont ou dans le fleuve pollué. Ce qui était loin de me faire envie. Il y avait aussi des lacs mais c'était moins pratique pour sortir discrètement.