Faire ses courses est difficile pour certaines personnes. Pour l’un ce sera à cause du monde présent, de cette foule galopant derrière les dernières promotions, pour l’autre ça sera le stress d’oublier un article et de devoir y retourner ou bien de éventuellement devoir gérer la présence d’enfants.

Pour Nowaki, c’était juste la terreur de se transformer au milieu d’un magasin, de se retrouver sur quatre jambes et de devoir sortir du magasin sous les regards terrorisés de ces pauvres personnes et surtout le fait de ne plus rien contrôler. Aussi pour éviter ce genre de problématique, il se rendait toujours faire ses emplettes avec une liste très précise, toujours au même magasin pour connaître exactement l’emplacement de chaque de produit. Gagner du temps était essentiel, surtout quand le drive est bien trop loin pour pouvoir l’utiliser.
Il ne sortait plus beaucoup, cela aurait dû lui manquer, lui qui était un fêtard aimant s’amuser avec ses amis ; depuis un certain temps il se complaisait cependant dans sa situation. Ses seuls moments où le stress ne l’assaillait pas étant quand il se trouvait au milieu de son studio miteux, bien trop cher pour la surface et la salubrité.

Malheureusement, la livraison de repas coutait bien trop cher par rapport à son pauvre salaire, aussi devait-il faire ses courses toutes les semaines, toujours la même liste, pas le temps pour les plaisirs de la vie, pas le temps pour un Kitkat alors même qu’il en mourait souvent d’envie…
Bien caché dans son sweat quelconque, avec un jogging banal et son air banal, il espérait ne pas être repéré, se fondre complètement au milieu d’autres clients. Bien qu’en soirée, il n’y avait pas non plus foule dans cette petite supérette, on trouvait néanmoins toujours quelques jeunes là pour un snack tardif, ou encore des personnes âgées venues spécialement à ces horaires car c’était dans leurs habitudes.

Nowaki posa le paquet de riz, dernier produit de sa liste puis alla très vite le faire valider, priant encore et toujours pour que sa carte bancaire passe ; le refus était une humiliation terrible, rien que de voir le regard du caissier se poser sur lui et le juger de « pauvre » ou encore de « encore un qui dépense à tout va et qui peut même plus se payer son riz », aucun ne semblait considérer un seul instant qu’il puisse se trouver dans une mauvaise situation. Non, pour tous, s’il était à court d’argent aussi tôt dans le mois, c’était certainement parce qu’il était fêtard voire drogué.

Sortant finalement avec ses quelques courses puis se dépêche finalement de retourner à son appartement miteux, mais bon, il n’allait pas se plaindre d’avoir un toit dans sa situation non ?

Il avait cependant la désagréable impression d’être suivi, mais c’était tellement furtif qu’il crut l’avoir rêvé. Souhaitant arriver au plus vite chez lui avant que l’anxiété ne déchaîne « la bête », il passa par une ruelle sombre qui lui permettrait d’atteindre rapidement son foyer et ainsi pouvoir faire redescendre la pression.

Une odeur particulière. L’odorat est un atout. Il nous permet de sentir la moindre menace qui sont autour de nous, mais également de découvrir des proies. Il sert également à ouvrir l’appétit et à vouloir aller dans un restaurant par exemple. Ou comme dans ce cas-ci à découvrir un mystère des plus étonnant. Je suis venue ici pour une course urgente. Un ingrédient qui n’a nulle part ailleurs qu’ici et il fallait que je fasse le tour des villes pour pouvoir l’avoir. Une certaine épice ou un ingrédient pour mettre dans mon repas. En entrant, je me dirige vers les allées fouillant du regard mon item tant recherché. Continuant de chercher, je ne me rends pas compte qu’une surprise m’attend non loin. Qu’un inconnu puisse titiller ma curiosité. Non. Rien pour le moment, en fait, dès que j’ai trouvé ce que je désirais, j’ai reniflé pour déterminer si c’est frais, mais un parfum qui me rend crédule à ce jour me chatouille le museau. Je fronce les sourcils en continuant de sentir. Ce n’est pas ce que j’ai dans les mains, mais bien quelqu’un car ça s’éloigne justement. Qu’est-ce que c’est ?

En allant à la caisse, j’ai encore senti l’odeur près de la machine pour les cartes de débit. C’est bien une personne qui a cette odeur, mais qui ? En payant comme il se doit, je me précipite à l’extérieur. Humant l’air en mettant mon nez dans les airs, je me tourne à la direction de cet inconnu pour ensuite commencer à le suivre en toute subtilité. En pas feutré tel un félin lors d’une chasse, mais je ne suis pas en train de chasser. Je suis tout simplement intriguée par cette odeur. Métamorphe, mais pas de sang pur ni de sang mêlé. Je ne pensais pas que cela aurait pu exister dans ce pays. Jiwon est terriblement strict envers les règlements et nous avons un pacte envers les humains, donc comment cela a pu arriver ? L’alpha est sans pitié lorsqu’il s’agit de désobéissance et je veux savoir du pourquoi et du comment qu’un être comme celui-ci puisse apparaître comme ça de je-ne-sais-d' où. Un mystère que je devais résoudre avant le mâle intervient. Je veux comprendre et peut-être aider cette personne. Un solitaire, c’est dur à gérer seul. Je le vis plus ou moins mal, mais c’était par choix, dorénavant c’est devenu personnel. En tout cas, je m’approche de plus en plus jusqu’à temps que je vois un homme entré dans une ruelle. C'est lui ?

De son sweat et de son jogging, je le vois qu’il dévie de son chemin pour aller dans une ruelle sombre. Vêtue de noire comme je suis et mes yeux qui s’adaptent rapidement... Il est, disons, fait comme une proie, mais ce n’est pas dans mon intention. Mon but premier étant de me faire un repas et de me goinfrer jusqu’à temps que ma pense se remplisse jusqu’à ce que la mort s’en suivre, malheureusement, mon plan a changé. Je tourne vers la ruelle et je m’approche. Dangereusement, mais je m’approche. Je veux lui parler. Je veux qu’on s’interagisse et qui réponde à mes questions. « Excuse moi, j’ai une question à te poser ! » lui questionnais-je avec mon calme. Je ne veux pas qu’il s’éloigne trop, il va falloir que je cours et c’est après cela que je vais considérer ça comme un jeu tout comme les chats qui guettent patiemment son jouet.

On lui parle, quelqu’un est bien là et le questionne, c’est tout près… Est-ce une menace ? Un ami ? Une chose est sûre, cette présence provoque le stress en Nowaki, augmentation du cortisol et de l’adrénaline dans le sang, le rythme cardiaque s’accélère pour atteindre une force et une vitesse comme lors de ses transformations impromptues.
Le corps tremblant, Nowaki ose se retourner pour voir qui lui parle, pour jauger son ennemi. Il sait qu’il ne faut pas montrer l’étendue de sa peur à son potentiel bourreau, mais il ne contrôle malheureusement plus rien depuis un certain temps. Ses lèvres bougent, seulement pour laisser passer un flux d’air saccadé et finalement lâcher des mots de son ton désespérée.

« N’approche pas ! Je ne veux pas te faire de mal ! »

Techniquement, il n’allait pas vraiment pouvoir, il n’était pas un animal pouvant planter ses crocs ou griffer mais un coup de sabot pouvait sérieusement blesser et il ne le souhaitait en aucun cas ! Il n’aspirait à présent qu’être oublié et surtout, mais surtout ne pas être responsable des blessures voire pires, de la mort de qui que ce soit ! La peur l’entourait complètement depuis quelques temps, il n’avait pas besoin de la culpabilité en plus de cela.

« Je t’en prie, ne m’approche pas… »

Sa voix n’est maintenant qu’une plainte, tel un animal à l’agonie qui ne demande qu’à ce qu’on le laisse mourir en paix. Son cœur battait maintenant la chamade, il pouvait sentir son stress s’échapper par tous les pores de sa peau, n’importe quelle créature passant -et même les humains- pouvaient sentir que mieux valait le laisser tranquille.

Nowaki ressentit soudainement et avec horreur les crispations de son corps, l’animal en lui voulait sortir, car plus à même de fuir vite sous sa forme équine. C’était toujours un énorme conflit en lui quand venait le temps de la transformation, et cette confrontation rendait le déroulement de la chose douloureux et difficile.
Commençant à ne plus rien contrôler, il lâcha son sac de courses et se mit à respirer plus fort, c’était imminent, son autre « lui » souhaitait l’aider à se dépêtrer de cette situation.

Malgré les mots prononcés plus tôt, le jeune homme lança un regard à la femme en face de lui, un regard de détresse, suppliant dans lequel on pouvait lire clairement un S.O.S, on pouvait voir dans ses orbes foncés un « Je t’en supplie, aide-moi ».

Les métamorphes mordus, j’ai entendu des histoires à leur sujet quand j’étais au japon dans mon clan. Toutefois, je n’ai jamais prêté une réelle attention à ce sujet. Je me fichais beaucoup du clan même si on me préparait pour devenir éventuellement la femelle dominante pour la meute. Je n’ai pas voulu de toute façon. Préférant nettement mieux de vivre ma vie, mais également m’amuser et faire ce que j’ai toujours voulu faire ; l’art. Sauf qu’en ce moment c’était différent. L’homme devant moi n’a pas la même odeur qu’un métamorphe de pure race ni même une odeur humaine. Cela m’a laissé perplexe et j’ai voulu l’interpeler pour lui poser la question du pourquoi et du comment. J’aurais pu tout simplement aller voir le mâle alpha de la meute de Corée du sud pour pouvoir avoir le cœur net, mais non. Je ne voulais pas le perdre de vue. Pas que je n’avais pas confiance en lui, mais disons qu’il agit de manière bizarre. Crispé. Stressé. Il prenait que le strict minimum et n’osait à parler à personne. Prenant, payant et disparaissant chez lui sans laisser de trace. Quelque chose cloche comme si c’était tout récent. Oh, c’est réellement le cas ou je me fais des idées ?! J’ignore comment cela se passe avec les mordus.

Pourtant, il s’exclame en m’interdisant de m’approcher. J’arrête sous sa demande en penchant la tête. Me posant beaucoup de questions avant de faire un pas de plus. Ce n’est pas normal qu’il puisse empester comme ça l’anxiété. Ce n’est pas normal qu’il soit aussi craintif. Une deuxième fois, cette fois une plainte. Je fronce littéralement les sourcils. Il ne va pas bien. Quelque chose ne tourne pas rond avec lui. Son cœur bat rapidement pour quelqu’un qui est en santé. L’angoisse se sent à des kilomètres à la ronde. Certes, mon animal en moi apprécie ce moment-là, comme si j’avais chassé alors que ce n’était pas voulu. C’est inné chez moi. Sauf ce que je sens que quelque chose va se produire sous peu si je ne réagirais pas dans l’immédiat. Le voyant ainsi mal dans sa peau, ce n’est pas bon. Il s’est sûrement passé quelque chose dans sa vie pour qu’il puisse être comme ça. Déjà, est-ce qu’il est un mordu ou bien un métamorphe qui ne maîtrise pas son animal ? Sur ce dernier point, c’est impossible puisque nous sommes supposés faire plus qu’un avec la bête. La panthère noire en moi, est moi et je suis elle. Je suis née en boule de poil et j’ai pris forme humaine pour mieux se fondre dans la masse de l’humanité tout simplement. Comment ça se passe dans le sens contraire ? Vécu en tant qu’humain pour ensuite devenir un animal ?

Son regard, sa détresse. Je m’inquiète à son sujet. Ses affaires sur le sol, le S.O.S qui se lit dans son regard. Il va crever devant moi ou quoi ? « Calme toi... » fis-je en lui parlant tout doucement de manière posée. Je crois que je n’ai pas le choix de faire ce que ma mère faisait pour m’aider à me calmer. « Chuuuut... concentre toi sur ma voix uniquement... » je m’approche délicatement pour ne pas l’effrayer. Tendant les bras devant moi pour me dire que je viens en ami et que je ne lui ferai pas de mal. Je veux tout simplement m’occuper de lui pour l’aider à se calmer. « Inspire, expire... » Maman. Une pensée pour elle qui arrive dans le pire moment de ma vie. J’ai quasiment le goût de rire que je le fais intérieurement d’ailleurs. Elle m’a toujours soutenu et malgré ça je l’ai toujours boudé car ce n’était pas ce que je voulais faire être femelle dominante. J’ai quitté le clan pour pouvoir être avec mon frère. Désormais je me retrouve seule au monde car ce dernier a été bêtement tué. Maman. Celle qui m’a aidé à me calmer et qui m’a toujours dit d’être posée lorsque les situations sont délicates comme en ce moment. Je veux aider ce jeune homme à combattre ce qui ronge à l’intérieur. Je veux qu’il se calme, qu’il se concentre uniquement sur moi. Qu’il respire pour reprendre contrôle. Après, si tout cela fonctionne, le plus dur est à suivre.